Alors que des têtes commencent à tomber après le safari des « Bakata Katanga » le samedi 23 mars 2013 à travers la ville de Lubumbashi, les députés provinciaux du Katanga ont créé la surprise dans plusieurs cercles politiques en tentant de justifier la prolifération des groupes armés Mai-Mai dans cette partie de la République par la pauvreté ambiante au Nord-Katanga.
Mais, dans la foulée, les mêmes acteurs politiques ont fait état de l’invasion des mines de coltan et cassitérite par des éléments des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) agissant sous les ordres de leurs chefs hiérarchiques.
Très peu de compatriotes partagent l’idée selon laquelle la misère ferait le lit de la multitude de groupes Mai-Mai qui écument le Nord-Katanga, au point de porter régulièrement des coups mortels à la ville de Lubumbashi ainsi qu’à plusieurs localités et villages de la province cuprifère.
Car, si tel était le cas, toutes les provinces du pays seraient truffées de forces négatives, qui sont présentées comme les rares maisons de placement des délinquants., déserteurs de l’armée et de la police, désoeuvrés, criminels, inciviques, voleurs, violeurs, etc.
D’où, le raccourci de la misère pourrait conduire à la banalisation de la situation.
Où sont passés les patriotes Maï-Maï ?
L’histoire des Maï-Maï renseigne qu’il s’agissait, à l’origine, des patriotes appelés à prendre les armes pour résister aux envahisseurs étrangers au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema et Nord-Katanga.
Leur création tirait sa source dans les faiblesses constatées chez les militaires des ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises) d’abord, dans les années ‘90, ensuite chez les FARDC et les mouvements rebelles instrumentalisés par l’Ouganda et le Rwanda.
Le rôle des Mai-Mai se limitait essentiellement à la défense des territoires autochtones contre les menaces extérieures. Dans ces groupes armés se recrutaient des éléments divers (agriculteurs, élèves, enseignants, pêcheurs, chasseurs, trafiquants des minerais, commerçants ambulants…) qui se livraient à des activités de production en temps de paix et prenaient les armes en temps de guerre, pour de courtes durées.
Ce sont ces combattants occasionnels que des personnes ayant des agendas politiques cachés ont transformés en combattants de carrière, spécialisés dans les massacres de leurs propres compatriotes, les exactions, les vols, les viols, les tortures, les destructions méchantes des infrastructures, les incendies des cases, villages et champs, les tracasseries administratives, etc.
En fait, les patriotes Mai- Mai présumés assurer la défense de leurs communautés de base face aux envahisseurs étrangers ont disparu pour laisser la place à des tueurs agissant sous la dictée de leurs maîtres, qui utilisent l’insécurité permanente comme fond de commerce, pour des revendications politiques qui font plus de mal que de bien au Congo et aux Congolais.
Il est vrai qu’à la faveur du Dialogue Inter- congolais et sous prétexte de bâtir une nouvelle armée en RDC, nombre de combattants Mai-Mai ont réussi à intégrer les rangs des FARDC. Mais, l’idéal de la défense de la patrie a cessé de galvaniser les paysans restés dans les campagnes du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Nord-Katanga.
Le temps des galonnés millionnaires
Pendant que les Mai-Mai sont instrumentalisés à souhait pour nuire à la République, l’on assiste la montée des galonnés millionnaires. Il s’agit d’officiers supérieurs et généraux qui ne rêvent que de devenir millionnaires sur les différents fronts du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et du Nord-Katanga placés sous leur responsabilité.
Ainsi, les militaires et leurs commandants sont présents dans les carrières de diamants, d’or, de cuivre, de cobalt, de cassitérite, de coltan … que dans les sites stratégiques et sensibles qu’ils sont censés sécuriser.
La « race » des généraux, colonels, majors, capitaines et lieutenants affairistes connus sous Mobutu renaît de ses cendres.
Ceci peut expliquer pourquoi, lors des attaques armées des Mai-Mai contre les villes et localités des provinces de l’Est et du Sud-Est (cas de Bunagana, Rutshuru, Goma, Bukavu, Uvira, Lubumbashi, Manono, Moba, Kalemie…), il se remarque un grave flottement dans les mécanismes de riposte tant au niveau de l’armée que de la police nationale.
Les minerais de sang, comme on les appelle désormais, font le bonheur de plusieurs galonnés qui s’empressent de planquer leurs fortunes dans des paradis fiscaux qu’est en train de dénoncer le panel d’enquêteurs d’Offshore Leaks.
12 mois de sursis
Pendant que la grande récréation tend à s’emparer des compatriotes censés servir sous le drapeau national, un nouveau sursis de 12 mois vient d’être accordé au pays par la communauté internationale, en vue de la mise en place d’une Force Interne d’Intervention appelée à prendre, à partir d’avril 2014, la relève de la Brigade Spéciale des Nations Unies.
D’où, les décideurs politiques ayant la responsabilité de la réforme de notre système de défense devraient s’activer pour apporter rapidement des correctifs aux faiblesses de notre armée et de notre police.
Entre 2003 et 2006, les gestionnaires de la période de Transition avaient lamentablement failli dans leur mission de refondation de l’armée nationale, de la police et des services de sécurité. Occupés à « s’installer » et à « installer », ils étaient passés à côté de la plaque, se contentant de recruter à tours de bras des effectifs pléthoriques et distribuer des grades comme des cacahuètes.
Résultat : le pays est entré dans l’après-Transition sans un dispositif fiable et efficace de défense.
Avec des comportements affairistes qui poussent soldats et officiers à préférer les carrières minières aux trous des fusiliers, l’on court le risque de voir l’échéance de 12 mois fixée par les Nations Unies s’épuiser sans que l’embryon d’une nouvelle armée et d’une nouvelle police ne germe des entrailles de la terre de nos ancêtres.
Kimp
Direct!cd
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