Le Président tanzanien exige le dialogue entre Kagame et les FDLR, Museveni avec les ADF/NALU et la LRA, Kabila et le M23.
C’est le dimanche dernier en marge de la 26ème session de l’UA à Addis-Abeba que les chefs d’Etat signataires de l’Accord-cadre ont tenu une réunion à huis clos en présence du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon.
Le Président tanzanien Jakaya Kikwete dont les troupes font partie de la Brigade d’intervention et qui a un franc parler en a profité pour jeter le pavé dans la mare. L’occasion faisant le larron, il propose la piste d’une paix globale qui engloberait les principaux acteurs de la crise dans les Grands lacs qui sont la RDC, le Rwanda et l’Ouganda.
Pour lui, la Brigade n’est pas une solution dans une affaire qui est essentiellement politique et qui requiert des solutions politiques. Il demande donc au Président Kabila de reprendre les négociations avec le M23 à Kampala.
Mais Kikwete estime que si on demande à Joseph Kabila de négocier avec ses ennemis du M23, de la même manière on devra exiger à Paul Kagame du Rwanda de le faire aussi avec ses ennemis qui sont les FDLR.
Aussi le Président ougandais Museveni devra prendre langue avec les ADF/NALU et la LRA.Ce qui veut dire que la paix qui doit être globale et non fragmentée seulement sur un territoire qui est la RDC est à ce prix.
Comme il fallait s’y attendre, cette proposition éclairée du Président tanzanien a provoqué l’ire de Paul Kagame. C’est à peine si le dictateur de Kigali n’a pas quitté la salle en claquant la porte comme de coutume. Il a toisé avec mépris Kikwete, selon certaines indiscrétions dont la presse a fait état.
On sait que Paul Kagame n’a jamais voulu entendre parler d’un quelconque dialogue avec ces « diables » des FDLR, au fait son sempiternel fonds de commerce pour la déstabilisation de l’Est de la RDC.
Le Président tanzanien a aussi provoqué le désappointement de Museveni Kaguta qui, piqué au vif a immédiatement réagi en soutenant qu’on ne négocie qu’avec ceux qui acceptent de le faire tandis que les autres, on les isole.
Qui a jamais accepté de négocier avec Museveni ? Le maître de Kampala ne l’a pas dit. Cette sortie du Président tanzanien n’est pas une nouveauté en RDC où on a toujours soutenu que la paix dans les Grands lacs passe par l’ouverture du dialogue entre le Rwanda et ses rebelles des FDLR.
Mêmement pour l’Ouganda. Ce qui n’est pas le cas dans l’Accord-cadre qui n’exige l’ouverture de tels espaces qu’à la RDC.
La proposition de Jakaya Kikwete tombe donc sur le vif. Mais elle est sans effet pour le moment. Le Président tanzanien aurait fait œuvre utile en son temps en la faisant inscrire dans l’Accord-cadre pour être opposable aussi bien au Rwanda qu’à l’Ouganda.
Aujourd’hui, les dés sont jetés. Sur cette question, l’Accord-cadre qui est le seul cadre juridique de recherche de paix dans les Grands lacs n’a édicté des telles obligations qu’à la seule RDC à qui il est demandé tout.
Rien au Rwanda. Rien à l’Ouganda. Bien au contraire, pour ce qui est des forces négatives par exemple, l’Accord demande à la RDC de ne point les entretenir sur son sol pour déstabiliser ses voisins.
Il s’agit effectivement des FDLR et des ADF/NALU et la LRA. Alors que ces groupes armés étrangers n’iront jamais dans leur pays, s’ils ne sont pas sûrs d’y bénéficier d’un processus de paix comme celui imposé à la RDC.
Comment concrètement la RDC fera-t-elle pour mettre un terme à leurs activités sans un programme convaincant de DDRR (désarment, démobilisation, rapatriement et réinsertion) dans leur pays.
Ce sont des questions sur lesquelles l’Accord-cadre ne s’est pas appesanti faisant la part belle au Rwanda comme si ce pays était victime de la mauvaise gouvernance reprochée à la RDC.
C’est justement cette injustice contre la RDC que le Président tanzanien met en exergue dans son concept d’une paix globale qui concernerait tous les pays impliqués dans la crise en RDC qui sont le Rwanda et l’Ouganda.
En vertu de quel principe les FDLR sont le diable avec lequel Paul Kagame ne peut prendre langue, mais Kabila lui ses rebelles sont des anges avec qui il faut échanger et qu’il faut même intégrer dans l’armée nationale.
A ce jour, tout le monde demande à Joseph Kabila de reprendre la route des négociations avec le M23, à commencer par Ban Ki-moon et aussi le Président tanzanien Jakaya Kikwete.
Or on sait à la différence d’autres rébellions que celle du M23 n’exécute qu’un agenda des puissances étrangères connues qui sont le Rwanda et dans une certaine mesure l’Ouganda.
Tout ce qui est visé, c’est d’arriver à la concrétisation de ce schéma qui est connu d’avance et qui est l’intégration en bloc des miliciens du M23 dans les FARDC et leur cantonnement au Nord-Kivu soi-disant pour combattre les FDLR.
Alors que pour les quelques FDLR qui sont déjà rentrés au Rwanda par le biais de la Monusco, il n’a jamais été question de leur intégration dans l’armée rwandaise. Une telle idée est même inconcevable.
Ceux qui rentrent difficilement sont soumis au DDRR. Si la reprise des négociations avec le M23 visait en fin de compte leur éligibilité au DDRR, les Congolais pouvaient applaudir.
Mais ils connaissent l’enjeu qui est caché dans le cahier des charges des rebelles pro-rwandais tel qu’ils l’avaient eux-mêmes décliné lors du premier round des négociations de Kampala. Toutes leurs revendications se résument à la partition de la partie qu’ils occupent en ce moment.
Quel est cet Etat qui peut aller négocier la balkanisation d’une partie de son territoire occupée par procuration par l’un de ses voisins en l’occurrence le Rwanda ? Telle est la problématique des pourparlers entre le gouvernement el le M23.
Kandolo M.
Forum des As
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire