vendredi 10 mai 2013

Viols en RDC, tant qu’il y aura des conflits…

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Il y a longtemps que le viol est devenu la marque de fabrique des conflits en République démocratique du Congo.

Le rapport que vient de publier le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH), sur les violences sexuelles commises pendant l’attaque et le siège de Goma par les rebelles du M23, n’a donc rien d’un scoop.


Il vient juste rappeler à la conscience du monde ce drame silencieux que vivent des milliers de femmes et de filles dans les zones de conflits de la RDC. Ainsi, les rapports se suivent comme dans un rituel immuable, mais les maux demeurent.

Rien ne semble pouvoir dissuader les bourreaux des femmes. C’est que depuis le début de l’instabilité en RDC, les violences sexuelles ont été instrumentalisées à des fins militaires, psychologiques et politiques.

Le viol est comme un acte consubstantiel à ce conflit d’un autre âge. Le corps de la femme (comprenez toute personne de sexe féminin, quel que soit son âge) est devenu un objet de guerre aux mains de combattants qui n’ont que faire des droits de l’Homme et de la Convention de Genève.

En RDC, il y a une barbarie mutuellement consentie, entre rebelles et forces régulières, et c’est à qui mieux mieux.

Ce comportement qui frise une animalisation collective est indigne de l’Afrique. En cela, les rapports des ONG et de l’ONU ont fait leur temps. Ils ne font ni chaud, ni froid aux bourreaux, pendant que les victimes s’interrogent sur cette impuissance du monde.

La communauté internationale doit maintenant poser des actes forts, allant dans le sens de l’éradication de cette atteinte grave à la dignité de la femme. Etant entendu que l’armée régulière elle-même est impliquée dans ces crimes sexuels et que les procédures judiciaires n’ont jamais abouti sur le plan local, seule la communauté internationale peut exercer une pression sur les forces en présence, pour que cesse l’usage du viol comme arme de guerre.

Car, même les défenseurs des femmes violées ne sont pas à l’abri d’exactions. Il en est ainsi du docteur Denis Mukwege, ce gynécologue congolais déclaré entre-temps persona non grata pour sa dénonciation des viols.

Visiblement, il semble illusoire de raisonner les parties au conflit. Les nombreux rapports restés sans suite en sont la preuve.

D’où la nécessité de trouver une solution globale à la question des atteintes aux droits de l’Homme en RDC, en s’attaquant à la racine du mal. Seule la pacification de la RDC et l’avènement d’un véritable Etat de droit peuvent faire espérer des jours tranquilles aux femmes.

La création d’une brigade d’intervention de l’ONU est à ce titre une bonne nouvelle. Dotée d’un mandat lui permettant de mener des « opération offensives ciblées » (ce qui n’est pas le cas de la MONUSCO), cette brigade peut amener l’accalmie dans l’Est de la RDC.

Reste à savoir si elle est la panacée pour mettre définitivement fin aux activités des groupes armés et donc au bal macabre des viols.

Mahorou KANAZOE 
Direct!cd

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