mardi 30 juillet 2013

Exactions contre la population civile. Julien Paluku se tourne vers la CPI

mardi 30 juillet 2013



Pour le Gouverneur Julien Paluku, la province du Nord-Kivu traverse actuellement une situation grave de violations des droits humains créée par les groupes armés. L’intervention de la CPI pourrait mettre fin à la crise qui secoue actuellement la partie Est de la Rd Congo

Pourquoi la crise de l’Est ne préoccupe-t-elle pas la CPI alors qu’elle dure depuis vingt ans ? Cette situation qui est très urgente mérite l’attention de la CPI qui doit arrêter les auteurs des troubles commis dans cette portion du territoire national

La situation que traverse la République démocratique du Congo dans sa partie Est ne cesse d’interpeller plus d’une personne. Pendant que la situation en Centrafrique, en Côte d’Ivoire, au Kenya, en Rd Congo pour les crimes commis en Ituri sont jugés par la Cour pénale internationale (CPI). 


Curieusement, celle-ci garde un silence de cimetière quant à la situation de l’Est de ce pays.

Est-ce par aveu d’impuissance lorsqu’on sait que c’est le Rwanda qui est la base de cette scène macabre ou une volonté délibérée de ne pas mettre à l’index un pays chouchou d’une certaine communauté internationale et de quelques multinationales ? 


C’est comme si plus de 5 millions de morts uniquement pour l’Est de la Rd Congo ne représentait rien aux yeux de la CPI et du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Au regard de cette situation, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, a appelé samedi 27 juillet la Cour pénale internationale (CPI) à se saisir de la situation qui prévaut dans sa province. 


Depuis la ville de Butembo où il était en mission officielle, il a expliqué que cette région traverse actuellement « une situation grave de violations des droits humains créée par les groupes armés ». 

Il évoque notamment des exactions, arrestations et pillages commis sur la population civile à Kiwanja par les rebelles du M23.

Il a parlé de beaucoup de violences, d’assassinats, de meurtres qui sont commis à Kiwanja. C’est très dommage que cela se fasse ainsi et sous la barbe de tout le monde.

Disons que l’intervention de la CPI pourrait mettre fin à la crise qui secoue la partie Est de la Rdc, estime le gouverneur de la province instable du Nord-Kivu en proie à des violations continuelles des droits de l’homme depuis près de deux décennies. 


Julien Paluku s’étonne que la CPI ne s’intéresse pas à cette crise.

Pourquoi la crise de l’Est ne préoccupe-t-elle pas la CPI, alors qu’elle dure depuis vingt ans ?, s’est-t-il demandé. 


Et de continuer, Bosco Ntaganda, s’il est à La Haye aujourd’hui, c’est pour des crimes commis en Ituri (province Orientale) et non par rapport à la province du Nord-Kivu. 

D’après lui, la situation est urgente et mérite l’attention de la CPI qui doit arrêter les auteurs des crimes commis dans l’Est de la RDC.

Raison pour laquelle la CPI doit déployer ses agents dans l’Est de la Rdc pour enquêter sur les crimes, de sorte que des mandats d’arrêt contre des acteurs internationaux et nationaux soient émis, et de cette façon, ce sera la fin de la crise.

Des preuves ne manquent pas

Les relations entre la Rd Congo et la CPI sont régies à travers le Traité de Rome qui a été ratifié par tous les Etats membres. Ce traité regorge un principe important qui a trait à la complémentarité. 


Ceci veut dire que lorsque la justice congolaise n’est pas à même comme aujourd’hui de poursuivre en justice les rebelles du M23 auteurs de graves crimes, la CPI peut le faire à travers ses mandats d’arrêt. 

De même, le Conseil de sécurité peut aussi saisir la CPI. Malheureusement, ni la CPI, ni le Conseil de sécurité, personne n’ose évoquer le cas des rebelles du M23. Comme s’il y a un consensus afin de les laisser perpétuer les massacres et autres abus sur la population innocente.

D’ailleurs, ce ne sont pas les preuves qui manquent, d’autant que c’est le Gouvernement de la Rd Congo qui fut le premier à dénoncer les crimes commis par les rebelles du M23 dans les territoires qu’ils contrôlent. 


Une preuve non des moindres, c’est le rapport de l’Ong Britannique Human Rights Watch publié le 23 juillet 2013 et qui accuse les rebelles du M23 d’avoir exécuté sommairement au moins 44 personnes et violé au moins 61 femmes et filles depuis mars 2013 dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Ces informations recueillies par Human Rights Watch proviennent de plus de 100 entretiens réalisés depuis mars, y compris avec des anciens combattants du M23 qui ont quitté le mouvement entre fin mars et juillet et avec des civils vivant près de la frontière rwando-congolaise, dont certains ont été victimes d’exactions.

Ce sont ces informations qui ont permis à Washington de lancer une mise en garde au Rwanda, lui demandant de retirer ses troupes en Rd Congo. 


Mais pourquoi la CPI et le Conseil de sécurité ne se contenteraient-t-ils pas de ces informations pour lancer des mandats d’arrêt ? 

Pas plus tard qu’il y a 48 heures, c’est la MONUSCO, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en R.D. Congo qui a été gravement alarmée des récentes allégations de meurtre, de recrutement forcé et de détention illégale de civils par le Mouvement du 23 mars (M23).

Le week-end dernier, c’est le Gouvernement de la Rd Congo qui lançait trois mandats d’arrêt internationaux contre quatre ressortissants congolais se trouvant à Kigali. 


Il s’agit de Jean-Marie Runiga Lugerero, ex. président du M23 ; colonel Baudouin Ngakuye, lieutenant-colonel Eric Badege et le colonel Zimurinda Innocent. 

Ces rebelles qui sont du reste sous sanctions des Nations-Unies (interdiction de voyager et gel des avoirs) sont poursuivis pour constitution d’un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre, crimes contre l’humanité pour meurtre, emprisonnement, tortures, viol, esclavage sexuel, persécution pour des motifs ethniques ; crimes de guerre par tortures, enrôlement, conscription et utilisation de mineurs de moins de 15 ans dans les groupes armés.

Est-ce que c’est sans raison valable que ces rebelles ont été sanctionnés par les Nations-Unies ? 


Et si la CPI ne lance pas toujours des mandats d’arrêt, l’opinion nationale congolaise pourra tout simplement conclure qu’il y a un grand projet international qui consiste à se baser sur les criminels afin de balkaniser la Rd Congo.

L’Avenir

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