Tuesday, 06 August 2013
Dernière inconnue : le niveau
d’engagement de la nouvelle Brigade d’intervention de l’ONU sur le
terrain. A la question de savoir si la Monusco utilisera la force pour
désarmer dans la zone de sécurité, Félix Basse, le porte-parole de la
Monusco a répondu sans hésiter «oui».
Mais plus tard, il déclarera que la Brigade n’était pas «offensive» et qu’elle était seulement là «pour protéger les civils»… une mission qu’effectue avec plus ou moins de réussite la Monsuco depuis 13 ans ! Un flou qui n’a pas vraiment rassuré à Goma.
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AFRIKARABIA
A peine mise en place, la
nouvelle zone de sécurité de l’ONU ne fait pas l’unanimité dans le
Nord-Kivu. La population s’étonne que la zone ne couvre pas les régions
sous contrôle des groupes armés, alors que certains accusent la Monusco
de vouloir «désarmer le peuple face aux rebelles du M23».
Une journée après la fin de l’ultimatum
qui prévoit l’instauration d’une zone de sécurité autour de Goma et le
désarmement de «toute personne possédant une arme à feu», le bilan est
contrasté.
Si le gouvernement congolais estime que cette mesure «va dans
le sens de mettre fin au calvaire que subissent les populations», les
mécontents font aussi entendre leur voix… et ils sont nombreux.
LA MONUSCO «TAPE A COTE»
LA MONUSCO «TAPE A COTE»
A Goma, la population a bruyamment
manifesté sa colère contre la zone de sécurité qui «n’englobe même pas
les régions sous contrôle des rebelles du M23". «Un comble» selon un
Congolais contacté.
Un convoi de la Monusco a été «caillassé» vendredi
matin à Goma en signe de protestation. Car si l’idée paraît bonne sur le
papier pour la plupart des habitants du Nord-Kivu, son efficacité
paraît «très incertaine».
Les Congolais ont en effet l’impression
que la Monusco «tape à côté». Alors qu’une vingtaine de groupes armés
sévissent dans le Nord et le Sud-Kivu, la zone de sécurité se contente
de «sanctuariser» Goma, sa proche banlieue et la ville de Sake, sans
s’occuper des régions où sont actifs les rébellions et notamment celle
du M23.
LE M23 ATTEND KAMPALA
LE M23 ATTEND KAMPALA
Les rebelles du mouvement du 23 mars,
dont aucune position n’est concernée par la zone de sécurité, donne dans
l’ironie. René Abandi, un responsable du M23, souligne sur le site de
«l’agence d’information» que «cette zone est occupée essentiellement par
les soldats de l’armée régulière (FARDC) et leurs miliciens alliés des
FDLR».
Le M23 joue profil bas et déclare rester sur ses positions
militaires défensives en attendant des avancées du côté des pourparlers
de paix de Kampala, toujours au point mort depuis l’offensive de l’armée
gouvernementale du 14 juillet dernier.
«ETENDRE LA ZONE AU-DELA DE KIBATI»
«ETENDRE LA ZONE AU-DELA DE KIBATI»
Pour la population du Nord-Kivu,
ballotée depuis deux décennies par des guerres à répétition, l’ultimatum
de l’ONU et sa zone de sécurité ne va pas assez loin, ni assez vite.
L’organisation non-gouvernementale congolaise, Lutte pour le changement
(LUCHA), exige que la Monusco étende immédiatement sa zone de sécurité
«au-delà de la ligne de Kibati» (région encore tenue par le M23).
LUCHA
demande également aux casques bleus et à la Brigade de «progresser le
plus rapidement possible, sans quoi l’impatience de la population risque
de prendre une tournure imprévisible dont les Nations unies partageront
la responsabilité».
LA MONUSCO «DESARME LE PEUPLE»
LA MONUSCO «DESARME LE PEUPLE»
Si certains veulent que la Monusco aille
plus vite, d’autres trouvent que la création d’une zone de sécurité et
le désarmement qui va avec, est une vraie «duperie». Selon Jérôme
Kengawe Ziambi, un criminologue, «tout citoyen congolais, habitant cette
contrée, a le droit inaliénable de protéger sa vie et celle des siens»
et donc d’être armé.
En faisant la chasse aux armes à feu dans la zone
de sécurité, ce Congolais craint ainsi que l’on désarme «le peuple
congolais» qui se défend contre «les agressions étrangères» et le M23.
ATTENTION A «L’ESCALADE DE LA VIOLENCE»
ATTENTION A «L’ESCALADE DE LA VIOLENCE»
Du côté des ONG, on reste aussi très
sceptique sur l’efficacité de la zone de sécurité. Oxfam demande aux
Nations unies de procéder «avec la plus grande prudence» dans
l’opération de désarmement. L’ONG craint une escalade de la violence
avec l’entrée en action de la Brigade et demande que les populations
civiles soient protégées par l’ONU.
«Une priorité absolue» pour Oxfam.
Bertrand Perrochet, chef de mission de Médecins Sans Frontières (MSF) en
RDC avait dénoncé il y a quelques semaines (avant la création de la
zone de sécurité) la confusion des genres entretenue par les Nations
unies entre militaires et humanitaires.
Avec un mandat «offensif», les casques
bleus ne seront plus «neutres» dans le conflit et imposent ainsi aux ONG
de ne plus l’être. Un changement radical dans l’histoire de l’ONU, qui
inquiète ce médecin qui affirme «ne pas être un soldat en blouse
blanche».
LA MONUSCO «NE FAIT PAS LA GUERRE»
LA MONUSCO «NE FAIT PAS LA GUERRE»
Devant un tel concert d’incompréhension,
la Monusco s’est voulue rassurante et pédagogique. «Nous ne faisons pas
la guerre aux groupes armés, nous voulons les désarmer et ramener la
paix» a martelé la Monusco. L’opération de désarmement sera
«progressive» et «le périmètre de la zone de sécurité pourra être
étendu».
A la question de savoir pourquoi, la
Brigade ne s’attaque pas directement aux groupes armés, la Monusco a
répondu en conférence de presse qu’elle ne pouvait pas «s’occuper de
tous les groupes armés en même temps» et qu’elle commençait donc par
sécuriser Goma.
Au risque, selon certains analystes, de «sanctuariser»
Goma, devenue une forteresse imprenable, au détriment du reste du Nord
et du Sud Kivu, en prise direct avec les multiples groupes armés… et
leurs exactions.
OFFENSIF ?
OFFENSIF ?
Mais plus tard, il déclarera que la Brigade n’était pas «offensive» et qu’elle était seulement là «pour protéger les civils»… une mission qu’effectue avec plus ou moins de réussite la Monsuco depuis 13 ans ! Un flou qui n’a pas vraiment rassuré à Goma.
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AFRIKARABIA
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