Des soldats de l’armée congolaise, près de Kibati, le 4 septembre dernier (Photo AFP/Carl de Souza) AFP
Alors que l’ONU cherchait une solution politique dans le Nord-Kivu, l’armée congolaise est passée à l’attaque ce week-end. Kiwanja, Rutshuru, Kibumba… les bastions des rebelles du M23 tombent les uns après les autres.
C’est une première, depuis la débandade de l’armée il y a dix-huit mois. Les journaux congolais, patriotes, célèbrent ces victoires.
On a assisté à des scènes de liesse, samedi 26 octobre, dans les rues de Kibumba où des milliers de gens, hommes, femmes, jeunes et vieux, sont sortis de leurs maisons ou de leurs cachettes après trois jours d’insécurité et de persécution par les troupes rebelles*.
« C’est pour nous une libération, après des mois sous le joug des rebelles qui tuaient pour un oui ou pour un non. Que les rebelles du M23 qui ont tué, violé et massacré de paisibles citoyens soient poursuivis par la justice. »
Autant de messages exprimés par cette population qui célébrait ainsi la victoire des FARDC [armée congolaise, en lutte contre les rebelles du M23].
La bataille de Kibumba a été rude, très rude, expliquent de nombreux militaires de l’armée régulière. En ripostant contre les provocations du M23, les FARDC ont gagné progressivement du terrain [personne ne sait avec certitude qui a lancé l'attaque, l'armée régulière affirme que c'est le M23. Ceux-ci le réfutent].
En moins de trois jours, les troupes loyalistes ont repoussé les rebelles malgré l’important renfort en hommes et en matériels dont quatre tanks de l’armée rwandaise [information non confirmée également].
La peur a changé de camp
« Les soldats du M23 étaient inquiets et certains nous disaient qu’ils n’allaient pas tenir longtemps face à la stratégie et à la puissance de feu des FARDC. Ils fuyaient les lignes de fronts et ceux qui le pouvaient, ôtaient la tenue cherchant refuge dans la population », témoigne Hakiza, un jeune habitant non loin de la colline de Kibumba.
La journée de vendredi et samedi, les FARDC ont percé les positions rebelles avant de sécuriser jusqu’à 95 % de cette localité. En reprenant le contrôle sur ce territoire, les FARDC disposent des atouts pour sécuriser la frontière congolaise.
Leur présence permet aujourd’hui de couper tout ravitaillement aux troupes rebelles à partir du Rwanda. « C’est par cette frontière que passaient les troupes rwandaises et leurs armes.
Des camions quittaient le Rwanda jusqu’ici avec des militaires, armes et munitions », témoigne la population. Très contente de recouvrer ce qu’elle appelle « l’indépendance ».
Sur place, vaste champ de bataille, des corps des rebelles tués, difficile à compter, jonchent la brousse, les tranchées aménagées par le M23 entre les habitations.
La peur a changé de camp et le déclin de cette rébellion ne fait plus l’ombre d’aucun doute.
Assises à l’air libre le long de la route qui mène à Rugari sur la route Rumangabo, des militaires, en pleine prise de leur ration individuelle, affichent leur détermination d’en finir, une fois pour toutes, avec cette rébellion.
« Et si tout va bien, en début de semaine nous serons au chef-lieu du territoire avant d’atteindre le fief rebelle de Bunagana [à la frontière avec l'Ouganda]« , disent-ils.
Verrou stratégique
La force, les FARDC en dispose. Elles ont été appuyées par la brigade d’intervention des Nations unies et la Monusco, dont l’artillerie a été mise à contribution dans cette bataille, au moment où les hélicoptères de la mission onusienne pilonnaient les positions rebelles [un casque bleu tanzanien a été tué].
En progression, les loyalistes viennent d’atteindre Rugari, dernier verrou stratégique avant d’atteindre la place forte rebelle du camp militaire de Rumangabo, où, rapportent des témoins, les rebelles quittent le camp. « Ils sont partis depuis deux jours et ils n’y restent que très peu », explique un habitant joint par téléphone de Rugari.
La crainte, ce sont les multiples cas des violations des droits humains dont sont victimes la population dans ces localités tenues depuis peu par les rebelles mais qui sont en train de passer sous contrôle gouvernemental.
« Des gens sont enlevés, d’autres tués, des femmes violées, des maisons pillées systématiquement », dénoncent la Monusco, la société civile et des ONG de défense des droits humains.
*La majorité de la population a fui vers les camps de déplacés qui entourent la capitale de la province, Goma, pour éviter les combats.
Pour aller plus loin, découvrez « Mademoiselle Kalachnikov », photographies de Francesca Tosarelli, sur les femmes soldats engagées dans les groupes rebelles du Nord Kivu.
Portfolio publié dans Courrier international n° 1199 et sur Courrierinternational.com
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L’Observateur
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