lundi 11 novembre 2013

Armé en RDC : Seuls les Congolais de souche seront engagés

10/11/2013

 

François OLENGA TETE - Général et Chef d’Etat-major de la Force terrestre des FARDC

Le général François Olenga, chef d’Etat-major de la Force terrestre des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) nommé après la suspension en novembre 2012 de son prédécesseur, n’a pas caché son plaisir d’avoir tenu la promesse faite en février 2013 lorsqu’il affirmait que « mon armée va vous surprendre », en poussant les rebelles du M23 à la reddition.

« A mon tour, je les ai infiltrés. Dans les rangs du M23, j’avais des hommes (qui ont aujourd’hui regagné leurs unités) qui me tenaient informé de tout : les renforts qui arrivaient puis repartaient, les points où ils allaient attaquer. J’avais même été averti qu’ils planifiaient de m’assassiner… », a-t-il dévoilé dans un entretien à la journaliste belge Colette Braeckman, publié vendredi 08 novembre 2013.

La semaine dernière en effet, alors que sur le terrain la situation était encore incertaine, le lieutenant colonel Ndayambathe (qui avait été intégré au sein de l’armée congolaise lors d’un précédent brassage) s’est présenté à l’Etat-major de Kinshasa et, au vu de ses galons, a réussi à arriver jusque devant le bureau d’Olenga.

« C’est là qu’une secrétaire, presque par hasard, l’a arrêté et a ordonné que, comme tout le monde, il soit fouillé. La balle déjà dans le canon, un revolver chargé fut découvert sur lui. Alors que l’enquête toujours en cours démêle un complot aux nombreuses ramifications, le général Olenga peut déjà nous préciser que le cellulaire de l’officier attestait de nombreuses communications, dont l’une, vingt minutes avant les faits, avec le chef des mutins, le colonel Vianney Kazarama», rapporte la journaliste belge. 


« Des commandos formés par les Belges, les Américains et les Chinois »

Dans son entretien avec Colette Braeckman, le général François Olenga rappelle s’être « senti humilié » lorsque, dans une interview au quotidien belge Le Soir, le général rwandais « Kabarebe a osé déclarer que l’armée congolaise ne serait même pas capable de tuer un rat ».

« Je me suis senti furieux, humilié. Mais, c’est sur le terrain que j’ai voulu répondre et aujourd’hui c’est chose faite : le M23 et ses alliés ont été boutés hors du pays… », s’est-il réjoui.

La victoire militaire de la RDC sur le M23 s’est dessinée avec l’engagement au front des commandos formés par les Belges, les Américains et les Chinois.

« Durant des mois, avec l’appui du chef de l’Etat, nous avons procédé à la réorganisation, au rééquipement de l’armée et surtout nous avons engagé des unités qui jusque là n’avaient pas été engagées au Kivu, dont des commandos formés par la Belgique. Ces derniers venaient de Kindu, d’autres formés par les Américains provenaient de Kisangani et d’autres encore avaient été formés par les Chinois », a révélé le général Olenga.

« Lorsque fin août, le M23 a repris les combats, nous avons répliqué et le bilan a été positif, malgré des pertes qui se sont élevées à 78 morts et 200 blessés dans nos rangs. Nous avons alors repris 13 positions et beaucoup de matériel, des canons sans recul, des munitions, des appareils de communication Motorola…Nous avons compris que cette fois nous serions en mesure de gagner la guerre », a-t-il indiqué.

Après les combats de fin août, les FRDC ont continué à s’réorganiser. « Et l’ennemi a commis l’erreur de contre-attaquer. Pensant que nous allions répliquer via Kibumba, ils ont dégarni Rubari et, sur ordre du chef (Kabila), c’est là que nous avons attaqué, afin de reprendre les principales localités du Nord Kivu, Kiwanja, Rumangabo, Rutshuru », a-t-il précisé.

Et de poursuivre : « Nous étions nombreux, bien préparés, les hommes étaient motivés, les évacuations sanitaires étaient prévues, des avions étaient prêts. Trop c’était trop, notre pays n’avait pas mérité pareille humiliation, les hommes voulaient se battre. Les unités qui n’avaient pas été prévues nous appelaient pour protester, ils voulaient y aller ».

« Auparavant notre armée était infiltrée, à tous les niveaux : le jour où j’ai menacé de fusiller tous ceux qui étaient en communication avec l’ennemi, on a vu filer des colonels, des majors…Ces gens avaient été intégrés au sein de l’armée congolaise au fil des différents accords d’intégration, de mixage. Mais en réalité, ils avaient été formés au Rwanda, en Ouganda. Un chef qui est au service de l’ennemi, c’est ce qu’il y a de plus dangereux », a commenté le général Olenga.

Selon Colette Braeckman, « plus que jamais, Olenga est hostile à une nouvelle réintégration d’une fournée de rebelles au sein de l’armée ».

« Alors que le M23, battu, ne comptait plus que quelque 200 hommes, je me demande d’où viennent les 1700 hommes qui se sont retrouvés en Ouganda et affirment qu’ils veulent revenir dans l’armée congolaise », s’est étonné le chef d’Etat-major de la Force terrestre des FARDC.

« A l’avenir, les recrutements se feront sur base individuelle, ainsi que le prévoit d’ailleurs notre règlement militaire. On vérifiera les noms et les lieux d’origine de chacun et seuls les Congolais de souche seront engagés. Il y a encore du travail à faire pour nettoyer l’armée, je dois la protéger», a-gt-il annoncé.

Par ailleurs, le général Olenga s’interroge encore sur « l’objectif réel de la reprise des combats, sur la raison de l’accumulation de matériel militaire dont des pièces neuves, 300 tonnes d’armement découvertes à Chanzu, davantage que l’arsenal dont disposait l’armée congolaise elle-même ».

« Je crois, au minimum, que l’objectif était de reprendre Goma, afin de faire remonter les enchères lors de la négociation de Kampala. Mais pour moi, c’était inacceptable, jamais Goma n’allait tomber une fois de plus », a-t-il confié à Colette Braeckman. 

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 © KongoTimes

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