7 mai 2013
Promulguée le 27 avril, la nouvelle loi réformant la Commission nationale indépendante (CENI) prévoit que, 45 jours plus tard, les nouveaux organes de la Commission seront nommés et installés. Avec pour tâche prioritaire d’organiser des élections locales et provinciales.
Autrement dit, d’ici le 11 juin prochain, le temps presse et les enjeux sont importants, car les irrégularités des élections présidentielle et législative du 30 novembre 2011 ont sérieusement érodé la légitimité des élus congolais, affaiblissant ainsi le régime lui-même.
C’est pourquoi le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a entamé cette semaine des consultations avec les divers groupes parlementaires, dans le but de désigner les membres du bureau de la future CENI.
Rappelons que, selon la nouvelle loi, la CENI comptera treize membres, dont six seront issus de la majorité présidentielle, dont deux femmes, quatre viendront de l’opposition et trois de la société civile. Le réseau des organisations des droits humains et d’éducation civique, le Rodhecic, s’est déjà présenté pour l’un des postes réservés à la société civile tandis que les tractations ont commencé à l’intérieur des groupes parlementaires.
Une seule question continue à susciter passions et interrogations : qui prendra la présidence de la nouvelle Commission électorale ? Ce poste à hauts risques doit en principe revenir à une personnalité issue des milieux religieux : l’abbé Malu Malu, curé de Butembo et recteur de l’Université du Graben (Nord Kivu) avait été chargé d’organiser les élections de 2066 et, fortement épaulé par la communauté internationale, il s’était acquitté de sa tâche avec succès.
Son successeur, le pasteur Mulunda Ngoy, chargé des élections de 2011, fut nettement plus controversé. Cette personnalité forte, originaire du Nord Katanga comme le président Kabila lui-même, fut accusé par de nombreux observateurs occidentaux et par l’opposition (qui dénonçait la fraude avant même le scrutin…) d’avoir biaisé les résultats.
Dans un climat tendu à l’extrême, Mulunda fut rendu responsable de toutes les violences et irrégularités décelées lors de ce scrutin que la communauté internationale avait cette fois refusé de financer et, pour que soit reconnue la nouvelle CENI, sa « tête » est réclamée.
Mais Mulunda n’est pas un homme dont on se débarrasse si aisément. Tout d’abord parce que son savoir faire est indéniable : malgré le manque de moyens, il avait réussi à relever le défi logistique d’un scrutin à l’échelle de ce pays continent, obtenant l’appui décisif de l’Afrique du Sud.
En outre, il est l’un des leaders des Balubakat, qui forment la garde rapprochée du pouvoir kabiliste et n’entendent pas être évincés. Et enfin, même si l’Occident le méconnaît, le pasteur est très estimé sur la scène africaine, ayant participé aux processus de paix au Mozambique, au Liberia et en Afrique du Sud aux côtés de l’évèque Desmond Tutu. Attendant le verdict du chef de l’Etat, le pasteur s’est retiré dans son fief de Lubumbashi.
Outre un « come back » très improbable de l’abbé Malu Malu, souhaité par les ONG occidentales, un représentant du culte musulman s’est lui aussi proposé à la tête de la CENI.
Le carnet de Colette Braeckman
Promulguée le 27 avril, la nouvelle loi réformant la Commission nationale indépendante (CENI) prévoit que, 45 jours plus tard, les nouveaux organes de la Commission seront nommés et installés. Avec pour tâche prioritaire d’organiser des élections locales et provinciales.
Autrement dit, d’ici le 11 juin prochain, le temps presse et les enjeux sont importants, car les irrégularités des élections présidentielle et législative du 30 novembre 2011 ont sérieusement érodé la légitimité des élus congolais, affaiblissant ainsi le régime lui-même.
C’est pourquoi le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a entamé cette semaine des consultations avec les divers groupes parlementaires, dans le but de désigner les membres du bureau de la future CENI.
Rappelons que, selon la nouvelle loi, la CENI comptera treize membres, dont six seront issus de la majorité présidentielle, dont deux femmes, quatre viendront de l’opposition et trois de la société civile. Le réseau des organisations des droits humains et d’éducation civique, le Rodhecic, s’est déjà présenté pour l’un des postes réservés à la société civile tandis que les tractations ont commencé à l’intérieur des groupes parlementaires.
Une seule question continue à susciter passions et interrogations : qui prendra la présidence de la nouvelle Commission électorale ? Ce poste à hauts risques doit en principe revenir à une personnalité issue des milieux religieux : l’abbé Malu Malu, curé de Butembo et recteur de l’Université du Graben (Nord Kivu) avait été chargé d’organiser les élections de 2066 et, fortement épaulé par la communauté internationale, il s’était acquitté de sa tâche avec succès.
Son successeur, le pasteur Mulunda Ngoy, chargé des élections de 2011, fut nettement plus controversé. Cette personnalité forte, originaire du Nord Katanga comme le président Kabila lui-même, fut accusé par de nombreux observateurs occidentaux et par l’opposition (qui dénonçait la fraude avant même le scrutin…) d’avoir biaisé les résultats.
Dans un climat tendu à l’extrême, Mulunda fut rendu responsable de toutes les violences et irrégularités décelées lors de ce scrutin que la communauté internationale avait cette fois refusé de financer et, pour que soit reconnue la nouvelle CENI, sa « tête » est réclamée.
Mais Mulunda n’est pas un homme dont on se débarrasse si aisément. Tout d’abord parce que son savoir faire est indéniable : malgré le manque de moyens, il avait réussi à relever le défi logistique d’un scrutin à l’échelle de ce pays continent, obtenant l’appui décisif de l’Afrique du Sud.
En outre, il est l’un des leaders des Balubakat, qui forment la garde rapprochée du pouvoir kabiliste et n’entendent pas être évincés. Et enfin, même si l’Occident le méconnaît, le pasteur est très estimé sur la scène africaine, ayant participé aux processus de paix au Mozambique, au Liberia et en Afrique du Sud aux côtés de l’évèque Desmond Tutu. Attendant le verdict du chef de l’Etat, le pasteur s’est retiré dans son fief de Lubumbashi.
Outre un « come back » très improbable de l’abbé Malu Malu, souhaité par les ONG occidentales, un représentant du culte musulman s’est lui aussi proposé à la tête de la CENI.
Le carnet de Colette Braeckman