mercredi 15 janvier 2014
Le mystère plane toujours sur l’assassinat de l’ancien chef des services secrets rwandais Patrick Karegeya, qui sera inhumé samedi en Afrique du Sud.
© Image Globe
Deux semaines après l’assassinat dans une chambre d’hôtel de Johannesburg (Afrique du Sud) de Patrick Karegeya, 53 ans, ex-chef des services secrets du Rwanda nommé par le président Paul Kagame, l’enquête n’a toujours pas abouti à l’inculpation de suspects.
La police sud-africaine a finalement démenti des informations faisant état de l’arrestation de trois suspects au Mozambique voisin. Patrick Karegeya, qui avait fui le Rwanda en 2007 et s’était engagé dans l’opposition politique, sera inhumé samedi à Johannesburg.
Quant à l’homme d’affaires rwandais avec qui Patrick Karegeya avait rendez-vous le soir de son décès, il aurait été aperçu au Rwanda « à une terrasse de café », assure Théogène Rudasingwa, ancien chef de cabinet de Kagame, aujourd’hui également en exil en Afrique du Sud et qui avait l’objet d’une tentative d’assassinat en 2010.
Selon Kayumba Nyamwasa, c’est Kagame lui-même qui a ordonné l’exécution de Karegeya.
Si le gouvernement rwandais a officiellement démenti toute implication dans l’assassinat, le président Kagame a, lui, tenu des propos à peine voilés : « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime», a-t-il proféré dimanche dernier lors d’un « petit déjeuner de prière » dans une église protestante de Kigali.
« Ceux qui nous accusent d'être responsables (NDLR de la mort de Patrick Karegeya), ont fait de même un millier de fois pour défendre leurs nations », a-t-il poursuivi, d’après Radio France Internationale.
D’après les premiers résultats de l’enquête, Karegeya aurait été étranglé le soir de la saint-Sylvestre à l’aide d’un cordon de rideau dans une chambre de l’hôtel Michelangelo Towers dans le quartier financier de Sandton. L’homme a visiblement tenté de se défendre. Une serviette avec des traces de sang a été découverte dans le coffre-fort de la chambre.
Militant comme Kayumba Nyamwasa au sein du Rwanda National Congres, Karegeya avait gardé de nombreux contacts dans l’appareil sécuritaire rwandais. Parfois, il montrait à des proches comment il entrait à distance dans l’agenda personnel de Kagame.
« Je connais tous ses déplacements et je pourrais le tuer si je voulais, mais le sang a déjà trop coulé au Rwanda et Kagame doit être jugé pour tous ses crimes », avait-il récemment confessé à un ami, ajoutant qu’il avait « décliné l’offre de mercenaires ».
Sur Twitter, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo prétend, au contraire, qu’il voulait « renverser le pouvoir par la violence », avec cette pointe : « Et vous voudriez que j’aie pitié de lui ? ».
Sur la radio privée Contact FM de Kigali, elle avait renchéri : « Quand vous décidez de combattre votre pays, votre pays est obligé de vous combattre en retour ».
En Belgique, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s’est abstenu de tout commentaire sur la liquidation de cet opposant. « Quoi qu’on dise sur cette affaire nous sera reproché d’une façon ou d’une autre à Kigali », commentait une source interne au ministère, qui rappelle que les relations entre Bruxelles et Kigali ont déjà été émaillées de plusieurs incidents.
D’après des informations recueillies par Le Vif L’Express, Karegeya aurait sollicité un visa pour se rendre en Belgique, mais sans l’obtenir, alors qu’aucune inculpation ne pesait sur lui.
François Janne d’Othée
Le Vif
Le mystère plane toujours sur l’assassinat de l’ancien chef des services secrets rwandais Patrick Karegeya, qui sera inhumé samedi en Afrique du Sud.
© Image Globe
Deux semaines après l’assassinat dans une chambre d’hôtel de Johannesburg (Afrique du Sud) de Patrick Karegeya, 53 ans, ex-chef des services secrets du Rwanda nommé par le président Paul Kagame, l’enquête n’a toujours pas abouti à l’inculpation de suspects.
La police sud-africaine a finalement démenti des informations faisant état de l’arrestation de trois suspects au Mozambique voisin. Patrick Karegeya, qui avait fui le Rwanda en 2007 et s’était engagé dans l’opposition politique, sera inhumé samedi à Johannesburg.
Quant à l’homme d’affaires rwandais avec qui Patrick Karegeya avait rendez-vous le soir de son décès, il aurait été aperçu au Rwanda « à une terrasse de café », assure Théogène Rudasingwa, ancien chef de cabinet de Kagame, aujourd’hui également en exil en Afrique du Sud et qui avait l’objet d’une tentative d’assassinat en 2010.
Selon Kayumba Nyamwasa, c’est Kagame lui-même qui a ordonné l’exécution de Karegeya.
Si le gouvernement rwandais a officiellement démenti toute implication dans l’assassinat, le président Kagame a, lui, tenu des propos à peine voilés : « Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Il reste seulement à savoir comment il deviendra une victime», a-t-il proféré dimanche dernier lors d’un « petit déjeuner de prière » dans une église protestante de Kigali.
« Ceux qui nous accusent d'être responsables (NDLR de la mort de Patrick Karegeya), ont fait de même un millier de fois pour défendre leurs nations », a-t-il poursuivi, d’après Radio France Internationale.
D’après les premiers résultats de l’enquête, Karegeya aurait été étranglé le soir de la saint-Sylvestre à l’aide d’un cordon de rideau dans une chambre de l’hôtel Michelangelo Towers dans le quartier financier de Sandton. L’homme a visiblement tenté de se défendre. Une serviette avec des traces de sang a été découverte dans le coffre-fort de la chambre.
Militant comme Kayumba Nyamwasa au sein du Rwanda National Congres, Karegeya avait gardé de nombreux contacts dans l’appareil sécuritaire rwandais. Parfois, il montrait à des proches comment il entrait à distance dans l’agenda personnel de Kagame.
« Je connais tous ses déplacements et je pourrais le tuer si je voulais, mais le sang a déjà trop coulé au Rwanda et Kagame doit être jugé pour tous ses crimes », avait-il récemment confessé à un ami, ajoutant qu’il avait « décliné l’offre de mercenaires ».
Sur Twitter, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo prétend, au contraire, qu’il voulait « renverser le pouvoir par la violence », avec cette pointe : « Et vous voudriez que j’aie pitié de lui ? ».
Sur la radio privée Contact FM de Kigali, elle avait renchéri : « Quand vous décidez de combattre votre pays, votre pays est obligé de vous combattre en retour ».
En Belgique, le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders s’est abstenu de tout commentaire sur la liquidation de cet opposant. « Quoi qu’on dise sur cette affaire nous sera reproché d’une façon ou d’une autre à Kigali », commentait une source interne au ministère, qui rappelle que les relations entre Bruxelles et Kigali ont déjà été émaillées de plusieurs incidents.
D’après des informations recueillies par Le Vif L’Express, Karegeya aurait sollicité un visa pour se rendre en Belgique, mais sans l’obtenir, alors qu’aucune inculpation ne pesait sur lui.
François Janne d’Othée
Le Vif
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