La comparaison systématique de l'homme Noir avec l'animal a pour objectif de déshumaniser profondément les Africains et afro-descendants.
À proprement parler l'Europe animalise l'homme Noir en permanence. C'est pourquoi les Africains sont souvent photographiés en présence d'animaux (souvent des singes).
La déshumanisation de l'homme Noir aux yeux des Occidentaux permet de le considérer comme un animal.
Dans le paradigme occidental, l'homme Noir est un animal apparenté aux primates. D'ailleurs l'Occident justifie son impérialisme sous prétexte que les hommes non blancs sont plus proches des animaux que des êtres humains:« la race blanche avait étendue sa domination au monde et réalisé les plus grandes avancées dans les domaines scientifiques, alors que les "Nègres" restaient enchaînés à l'esclavage et aux plaisirs des sens...La forme de leur crâne les rapprochait, plus que nous, quelque peu des animaux.» [1]
Au XIX ème siècle, l'assimilation de l'homme à un animal est acceptée comme une vérité scientifique à cause des scientifiques évolutionnistes comme Charles Darwin.
Selon la théorie de l'évolution, l'homme Noir est considéré comme le chaînon manquant, l'intermédiaire entre l'homme blanc et le singe. L'Occident tente de prouver une ressemblance entre l'homme non européen et les singes.
Cette diffamation permet de rabaisser l'homme Noir pour mieux l'avilir: « L'Africain, notamment par ces traits qui le rendent différent de l'Européen, est proche du Singe...[et] les caractéristiques qui distinguent l'Africain de l'Européen sont les mêmes, simplement à des degrés différents, que celles qui séparent le singe de l'Européen »[2].
Face à Sawtche (venus hottentote), Cuvier « ne ménageait pas les comparaisons de cette Vénus exotique avec un orang vivant qui à ce moment, faisait les délices du Jardin des Plantes.
Pour lui l'analogie était frappante. Ses gestes, sa physionomie, sa démarche, étaient ceux de l'orang. ».
L'anthropologue Julien Joseph Virey perçoit dans les performances physiques des Africains une similarité évidente avec les primates : « Ils grimpent, sautent sur la corde, voltigent avec une facilité merveilleuse et qui n’est égalée que par les singes, leurs compatriotes, et peut être leurs anciens frères selon l’ordre de la nature »[3].
Pour Raphael Blanchard, le jugement est sans appel, le clitoris de la femme africaine et des singes anthropomorphes sont similaires, il n'y a aucun doute sur la parenté des Noirs et des singes: « On pourrait néanmoins considérer la stéatopygie comme une conformation ancestrale montrant qu'il existe une relation phylogénique entre les Boschimans et les singes Cynocéphales...on ne saurait reconnaître l'analogie remarquable qui existe entre cette disposition de la vulve chez le chimpanzé femme et la conformation de ces mêmes parties chez la femme boshimane.
Nous voyons, en résumé, que, chez les singes anthropoïdes, les grandes lèvres et le mont de Vénus font à peu près complètement défaut...Le clitoris est, au contraire, toujours très gros...La plupart de ces caractères sont communs aux femmes boshimanes et aux femelles des singes anthropomorphes...
Tous ces caractères, qui rapprochent la femme boschimane de la femelle des singes anthropoïdes et l'éloignent par contre-coup des femmes des autres races humaines, sont donc bien véritablement des caractères simiens »[4].
Les anthropologues du XIX ème siècle se sont tous échinés à démontrer une parenté entre l'homme Noir et les primates : « Peu de tribus sauvages ont autant occupé l'attention de ceux des anthroplogistes qui se plaisent à rechercher parmi les représentants actuels les plus inférieurs de l'espèce, les êtres les plus voisins des singes, nos ancêtres immédiats d'après eux »[5].
Concernant le caractère du nez des Africains, Paul Topinard déclare: « Les Chinois auraient le nez épaté, les Malais écrasé, les Nègres épaté et écrasé... Le relèvement en haut et en dehors du plan de la base tout entière, ou des ailes seulement faisant que les narines présentent plus ou moins découvertes de face ou de côté. Les Boshimans et les Nègres les plus inférieurs se rapprochent par ce caractère des types simiens »[6].
Lors d'une exhibition de Congolais et de pygmées à Bruxelles en 1897, un journaliste affirme qu'on peut même les confondre avec des orang-outangs : « Parmi les Congolais sont venus aussi deux enfants de la race des pygmées (...) race à peine connue pour être peu accessible aux Blancs à cause de leur férocité.
Ce doit être une race peu intelligente, ensuite sa figure a un aspect si bestial, qu'à première vue on les confondrait facilement avec un orang-outang(...) »[7].
En 1900, à Rotterdam, sur la brochure qui présentent les Boshimans en tournée en Europe. Les Africains sont perçus comme des créatures avec des allures qui « les font ressembler plus à des singes qu'à des hommes...
En dépit de leurs férocité, ces Boshimans sont pratiquement inoffensifs, et la personne la plus timide peut les approcher et les toucher sans crainte »[8]
Bien que les arguments développés par les idéologues de l'époque sont tous aussi loufoques les uns que les autres, il n'en demeure pas moins que pour l'Occident l'homme Noir est un primate, une créature mi-homme, mi-singe.
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Sources :
[1] Coleman W.,Georges Cuvier, Zoologist, A study of the History of Evolution Theory, M. Harvard University Press, Cambridge.
[2] Charles White dans An Account of the Regular Gradations in Man and in Different Animals and Vegetables, 1799.
[3] Julien Joseph Virey, « Histoire naturelle du genre humain », Paris, 1827.
[4] Raphael Blanchard, Communications Sur le tablier et la stéatopygie des femmes boschimanes, Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, Paris, Masson,1860.
[5] Paul Topinard, Les Boschimans à Paris, Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, Paris, Masson, 1887.
[6] Paul Topinard, l'anthropologie, Paris,1895, C.Reinwald et Cie.
[7] Noticiero Universal, 5 août 1897.
[8] Archives municipales de Rotterdam.
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