mercredi 2 juillet 2014

RDC : L'Opposition politique frappe fort et ratisse large

30/06/2014

 

Vital KAMERHE LWA KANYINGINGYI et Albert MOLEKA

Les initiateurs de la déclaration signée le mercredi dernier à Fatima avaient voulu frapper fort et ratisser large. Pari gagné, car, au total 34 personnes, représentant des partis d’opposition et des organisations de la Société civile ont apposé leurs signatures sur le bas du document. 


On note la présence très remarquée du secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, en tête de liste des signataires. Il est suivi de Vital Kamerhe, le président de l’UNC. Viennent ensuite de nombreux autres, dont Kolosso Sumaili pour le RCD/K-Ml d’Antipas Mbusa Nyamwisi, Jean-Claude Nvuemba Luzamba pour le MPCR, Martin Fayulu des FAC, le député Bernard Biando pour l’UDEMO, Emery Okundji des FONUS etc.

La «déclaration des Forces politiques et sociales», FPS en sigle, le mercredi 25 juin dernier en la salle Fatima, n’a pas fini de faire couler encre et salive aussi bien dans le gotha politique que dans l’opinion publique. 


A première vue, d’aucuns applaudiraient ce qui apparait comme l’unité de l’opposition pour un combat commun, même si le MLC ne s’est pas encore joint au groupe. 

Cependant, il existe des analystes pour qui, il s’agirait d’un marché de dupes. Pour d’autres, c’est un signe que l’opposition se serait assagie, tirant les leçons de la cacophonie de 2011.

Les initiateurs de la déclaration signée le mercredi dernier à Fatima avaient voulu frapper fort et ratisser large. Pari gagné, car, au total 34 personnes, représentant des partis d’opposition et des organisations de la Société civile ont apposé leurs signatures sur le bas du document. 


On note la présence très remarquée du secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, en tête de liste des signataires. Il est suivi de Vital Kamerhe, le président de l’UNC. 

Viennent ensuite de nombreux autres, dont Kolosso Sumaili pour le RCD/K-Ml d’Antipas Mbusa Nyamwisi, Jean-Claude Nvuemba Luzamba pour le MPCR, Martin Fayulu des FAC, le député Bernard Biando pour l’UDEMO, Emery Okundji des FONUS etc. 

UDPS encerclée

Déjà, à ce stade, des questions surgissent sur ce retournement spectaculaire de l’UDPS qui, d’habitude, abhorre les alliances. 


On rappelle que, même pour soutenir sa propre candidature à la présidentielle de 2011, le leader de l’UDPS ne voulait même de la constitution des FAC – Forces acquises au changement – pour laquelle certains cadres du parti ont dû le placer devant le fait accompli.

Ensuite : pourquoi ces multiples signatures pour l’UNC et ses alliés alors que l’UDPS n’est représentée que par une seule personne. Ainsi, l’UNC marque sa présence avec pas moins de 3 personnes : son président Vital Kamerhe, son secrétaire général Bertrand Ewanga, au titre de la Coalition pour un vrai dialogue (CVD), et de son président de groupe parlementaire Jean-Marie Bamporiki. 


Les alliés de l’UNC sont également en surnombre : les époux Kudura parafent tous les deux le document, le mari, Kudura Kasongo Mwana Lwaba, en tant que président du Front d’intégration sociale (FIS), et l’épouse, Pascaline Kudura, en tant que représentante d’un «MPP» inconnu au bataillon.

De nombreux autres alliés de la coalition kamerhiste de la CVD sont sur la ligne : Martin Mukonkole du FDCD, Mwenze Kongolo des Patriotes kabilistes (PK). 


Un autre allié de Vital Kamerhe dans le cadre d’une autre coalition, «Sauvons la RDC», Martin Fayulu, est également doublement représenté : M. Fayulu lui-même pour le compte des FAC, et le Pr Kitoko pour son parti ECIDE. Est-ce une stratégie murement réfléchie pour tenir en respect l’UDPS isolée dans la nouvelle plateforme ? Plusieurs analystes sont enclins à le penser. 

Rien de nouveau

Côté fond, le document de l’opposition se veut un manifeste historique pour l’achèvement du combat démocratique en RDC. 


Pêle-mêle, les parties signataires s’engagent à «lutter pour la résolution de la crise de légitimité née des élections chaotiques du 28 novembre 2011» ; «contrer tout changement ou révision de la Constitution avant les élections de 2016» ; «obtenir la convocation d’un dialogue inclusif conformément à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ainsi que la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies» ; «restructurer la CENI et arrêter par consensus un calendrier électoral» ; «obtenir le départ de Monsieur Joseph Kabila» ; «arracher la libération sans conditions de tous les détenus politiques et d’opinions». 

En plus, ils s’engagent à respecter un code moral pour ne pas trahir leur unité, résister à toute tentative de corruption et ne pas utiliser le rassemblement à des fins personnelles. En somme, rien de pas franchement nouveau sous le soleil tropical du Congo.

Mais, c’est ici que maintes questions se posent. 


En effet, comment des partis qui n’ont aucune vision commune ni sur la réalité institutionnelle du pays, ni sur leur conception de la vie démocratique, et encore moins sur les valeurs qui sous-tendent leurs luttes respectives, peuvent-ils se mettre ensemble pour mener un combat commun ? 

En effet, selon l’UDPS, l’Assemblée nationale a été dissoute par Etienne Tshisekedi au lendemain de son auto proclamation. C’est donc à ce titre que ce parti ostracise ses élus qui siègent à la chambre basse du Parlement. Le seul combat qui vaille pour l’UDPS, c’est celui de l’impérium.

A part cela, le parti tshisekediste ne reconnaît ni le gouvernement, ni le Parlement, ni la CENI. Alors que l’UNC et ses alliés reconnaissent bel et bien ces institutions, et ils siègent bel bien dans toutes celles qui leur sont accessibles : l’Assemblée nationale et la CENI. 


Leur combat est simplement d’empêcher toute révision alléguée de la Constitution afin d’éviter la possibilité pour le président Joseph Kabila de se présenter à un troisième mandat, et de crédibiliser le processus électoral en cours. 

Depuis longtemps, ils militent également pour l’organisation d’un dialogue politique. Le dimanche 21 juin dernier sur RFI, lors de l’émission «le débat africain», ces deux visions de la réalité ont été clairement présentées : Kamerhe, visiblement dans son élément, exigeait la non-révision de la constitution, tandis que Bruno Mavungu s’en tenait toujours à la réclamation de l’impérium, au point que le présentateur, Alain Foka, lui a posé la question : «vous en êtes toujours là ?» 

D’une pierre deux coups

Dans tous les cas, le chef de l’UNC fait d’une pierre deux coups : d’un côté, il espère se légitimer aux yeux de tous les partisans de l’UDPS, y compris des franges les plus radicales, et nul ne saurait plus jamais douter de sa qualité d’opposant. 


De l’autre, il crée une sorte de passage de témoin psychologique dans la population en militant aux côtés du «lider maximo». Il s’imposera, ainsi, comme la seule voie de recours pour l’opposition face au pouvoir en 2016, alors que l’UDPS boycottera les scrutins ou ne sera pas en mesure de se trouver un candidat valable et de le mettre sur orbite d’ici-là.

D’abord, l’UDPS doit faire le deuil des élections de 2011, et reprendre sa place de premier parti de l’opposition, au lieu de continuer à se croire illusoirement au pouvoir. 


Ensuite, ce parti devra sonner le rassemblement, en réintégrant ses députés et d’autres exclus, en recrutant de nouveaux cadres experts dans différents domaines de la vie nationale ainsi que des notables représentatifs de l’opinion dans les provinces où le parti n’a pas pignon sur rue, et en reconnaissant les institutions qu’il est appelé à combattre démocratiquement. Enfin, il doit devoir organiser la transition à l’interne.
Retour à la sagesse ?

En 2011, l’équation se résumait en la personne par qui l’étendard de l’Opposition devrait-être porté. Curieusement, tous les candidats battant pavillon Opposition avaient maintenu leurs candidatures respectives jusqu’à offrir un caviar au joker de la Majorité. 


Ayant perdu, nombre d’observateurs penchent pour un retour à la sagesse de la part des opposants. Ce ralliement tardif voudrait-il signifier que les opposants intègrent désormais l’adage qui dit « l’union fait la force » ? 

Dans cette éventualité, l’opinion retiendra la volonté résolue des opposants de faire mouche en 2016.

Chaque leader serait placé face à l’implacable réalité de s’effacer et de battre campagne pour le candidat désigné par la coalition. La grande inconnue reste évidemment le mode de désignation de ce candidat qui pourrait aussi constituer un nouveau casus belli entre alliés circonstanciels. 


Cette voie qui conduit à de multiples inconnues ne constituerait une issue de sortie pour l’Opposition que si les uns et les autres taisent leurs égos respectifs. 

Une montagne insurmontable ? 

Pas nécessairement, s’ils sont habités par un sentiment de sincérité entre eux !
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[lePotentiel]

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