Par Romain Mielcarek (à Abidjan), publié le 07/01/2011
Charles Blé Goudé a multiplié les meetings de quartier en quartier.
Koumassi, Marcory, Cocody et Yopougon, fief de Laurent Gbagbo.
Romain Mielcarek.
Alors que les soutiens de Laurent Gbagbo faiblissent, les Jeunes patriotes, fidèles parmi les fidèles emmenés par Charles Blé Goudé, continuent de faire peur.
L'ambiance est celle d'un concert de rock. Ce jeudi, devant une petite scène, des centaines de jeunes, peut-être des milliers, se massent pour acclamer la star du jour. Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse et de l'Emploi mais surtout "général" des Jeunes patriotes, est attendu dans l'après-midi à Yopougon.
Pour patienter, les artistes se succèdent et gardent le public en haleine. Chanteurs, danseurs et comiques clament les louanges de leur président. A chaque évocation du nom de Laurent Gbagbo, la foule s'anime dans un même mouvement.
Ces derniers jours, Charles Blé Goudé a multiplié ce genre de meeting de quartier en quartier. Koumassi, Marcory, Cocody et enfin Yopougon, fief de Laurent Gbagbo. "L'objectif, c'est d'informer et de mobiliser les jeunes", explique Bli Donatien, secrétaire général de la Coordination des Jeunes patriotes (Cojep), "il faut prouver à l'opinion internationale que Laurent Gbagbo a le peuple derrière lui". Les images ne seront relayées que par les médias acquis à la cause, la presse internationale n'étant pas vraiment la bienvenue.
"Tout ce qu'on vous a appris à l'école est faux"
Quand le "général" prend enfin la parole, la foule est presque hystérique. Son discours reprend les éléments clefs de celui de Laurent Gbagbo. C'est à l'université, au début des années 2000, qu'il a commencé sa carrière politique. Orateur charismatique, il sait trouver les mots pour séduire les jeunes. Des formules choc comme "Vous voyez que tout ce qu'on vous a appris à l'école est faux" ou Laurent Gbagbo "les dérange mais il est bon pour nous", sont systématiment complétées par le public.
Parmi les spectateurs, la plupart sont souriants et joyeux mais quelques visages sévères attestent de la volonté de certains d'en découdre. Dans les dernières minutes de son discours, Charles Blé Goudé réclame le soutien de ses fidèles. "Je vais enlever ma casquette de général pendant trois jours, annonce-t-il, pour mettre mon costume de ministre. Pendant que nous travaillerons avec l'équipe gouvernementale, vous devez veiller à ce que les forces étrangères ne nous dérangent pas."
"Il faut prouver à l'opinion internationale que Laurent Gbagbo a le peuple derrière lui".
Ils rêvent de déloger Ouattara de l'hôtel du Golf.
Le spectre de 2004 et de ses jeunes mobilisés pour défendre la ville face aux militaires français reste présent dans les esprits chaque fois que l'on évoque les Jeunes patriotes. Depuis le début de la crise, Charles Blé Goudé a menacé à deux reprises de les faire passer à l'action. La dernière fois, il avait pour objectif de déloger l'équipe d'Alassane Ouattara de l'hôtel du Golf -projet finalement abandonné.
A chaque fois, les Abidjanais ont accueilli la nouvelle avec crainte. "S'ils marchent, je ne roulerai pas, je resterai chez moi pour me reposer", admettait alors un chauffeur de taxi. "Si les Jeunes patriotes manifestent, expliquait une employée d'ONG, je n'irai pas travailler. On ne sait jamais comment ça peut finir."
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