jeudi 9 juin 2011

Sénégal/Libye : Jusqu’où ira le Wadisme en Afrique ?

Me Abdoulaye Wade, président du Sénégal (DR)
(AfriSCOOP Analyse) — « Plus tôt tu partiras, mieux cela nous arrangera ». Mots lancés par Abdoulaye Wade, président du Sénégal, à son homologue de la Libye, depuis le fief des insurgés à Benghazi ! Une fois encore, le « vieux président » vient de détonner dans l’espace politique africain. Mais, pour quels réels et inavoués résultats ?

Après la crise des infirmières bulgares, celles en Iran et au Yémen, voici l’architecte du « Sopi » (« changement en wolof ») en Libye. Il avait déjà pris position contre le Guide Kadhafi, juste à la fin du dernier Sommet du G8 en France. Ce jeudi, Me Wade est assurément rentré dans l’histoire de la rébellion libyenne en devenant le premier président du monde à mettre pied dans le fief de Benghazi ; bien avant Nicolas Sarkozy et David Cameron, les architectes des attaques de l’Otan contre Tripoli qui ont annoncé leur prochaine visite sur la terre rebelle des Libyens.
Ardent défenseur de l’identité africaine comme son désormais ennemi Kadhafi, Me Wade a été escorté en Libye par des avions de guerre français ! Les nombreuses sorties oratoires de M. Wade (à diverses tribunes) au sujet de l’affirmation de l’Afrique dans différents domaines à travers la recherche urgente de son unité n’étaient-elles donc que du bluff ? A travers son déplacement osé de ce jeudi, le numéro un sénégalais a démontré une fois de plus qu’il est bien le seul maître à bord du navire « Sénégal », et surtout qu’il est prêt à matérialiser sa vision du monde, pourvu que cela reçoive l’assentiment des Occidentaux, Français en tête.
Interrogations autour des faits et gestes du Wadisme en Libye…
Comme l’indique le président sénégalais pour justifier sa prise de position tranchée contre le Guide libyen, les dirigeants de Tripoli n’ont jamais favorisé l’instauration de la démocratie sur leur terre natale. Une réalité qui n’est pas inconnue aux autres leaders du continent noir ou encore les chancelleries occidentales qui déroulaient le tapis à Mouammar Kadhafi et sa suite, à la faveur de ses visites dans les pays du Nord.
En d’autres termes, la précipitation de MM. Sarkozy, Cameron, Obama, Wade, etc. à vouloir chasser coûte que coûte M. Kadhafi du pouvoir choque naturellement plus d’un parce que les griefs qui lui sont reprochés sont tus ou encouragés sous d’autres cieux !! Avec la complicité des chefs d’exécutif précités. En 2003, Me Wade n’était-il pas parti féliciter à Lomé feu Eyadèma Gnassingbé pour sa réélection, alors même que ce dernier venait de se maintenir au pouvoir, à l’issue d’un nouveau hold-up électoral connu de tous ? Au cours du premier semestre 2011 finissant, Londres n’a-t-il pas fermé les yeux sur les coups de canif de Yoweri Museveni à la démocratie ougandaise et les nombreux sévices corporels réservés à son principal opposant, Kiza Besigye ? Ce rappel ubuesque de l’histoire politique du monde est également valable pour Barack Obama qui a cautionné les patentes et multiples fraudes électorales qui ont maintenu Hamid Karzaï au pouvoir, malgré les cris d’orfraie de son rival politique Abdullah Abdullah…
Manifestement, en jouant à l’avocat de Paris, Londres et Washington dans la crise libyenne, Me Wade va cette fois-ci au-delà de son habituel bling bling ! Soit ces trois puissances précitées ont promis à Dakar qu’il bénéficiera d’une part du gâteau libyen après la chute de Kadhafi, soit ces « maîtres du monde » réservent un autre cadeau au fondateur du Pds (Parti démocratique sénégalais), sur un tout autre plan. Pourvu que ces présents aident le chef de l’Etat sénégalais à résoudre, une fois pour toutes, les problèmes de délestage du courant dans son pays et à mettre fin aux inondations dans les banlieues de Dakar. N’est-ce pas aussi à cela que s’identifie la « realpolitik » chère à l’ex opposant Wade ?!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire