Les medias de Kinshasa rapportent que l’opposition politique a claqué la porte du forum organisé par la CENI dans la salle du cinéma du palais du peuple parce qu’elle avait besoin de plus de temps pour s’imprégner de la lettre et de l’esprit du code de bonne conduite électorale présenté par la CENI. Les partis de la coalition au pouvoir crient au scandale d’une opposition mal armée qui voudrait faire une fuite en avant. Tenant compte du fait que le peuple congolais est attaché aux symboles et pour qui le lieu, l’ornement, les mots, les gestes, et la qualité des participants déterminent l’échec ou la réussite d’une palabre ou d’une rencontre familiale, on peut relever trois faux pas de la CENI, à savoir, le choix d’une salle de cinéma, l’intitulé de l’ordre du jour, et le choix des invités avec droit à la parole.
1. Du choix de la salle de cinéma
On se demande si le choix d’une salle de cinéma, fut-elle celle du palais du peuple, pour une question aussi vitale que l’adoption du code de bonne conduite électorale en RDC, n’est pas à la base du fiasco du lundi 25 juillet 2011. En effet, on a vu les opposants congolais s’adonner à la théâtralisation d’un débat politique qui se voulait pourtant sérieux. Après le cinéma tant décrié des élections de 2006 baptisées à tort ou à raison « d’élections Louis Michel de la Belgique», on peut penser que, en choisissant la salle du cinéma, la CENI à insinué sans le vouloir ( un lapsus) que celles du 28 novembre 2011 seraient aussi un cinéma ou "un théâtre de chez nous" où le héros est connu d’avance. C’est dans tous les cas une impression qui s’est dégagée du symbolisme du lieu mais aussi de la prestation de certains intervenants. Pour sa part, l’opposition politique qualifie le fait de sortir en bloc de la salle du forum de première victoire qui démontre qu’elle n’est pas si divisée comme beaucoup le pensent et qu’elle ne veut pas jouer pour une deuxième fois à la figuration dans un nouveau cinéma électoral. Entendons voir si le symbolisme de la salle de cinéma ne réveillera pas les démons de la théâtralisation de la vie politique telle que pratiquée à Kinshasa.
2. De l’intitulé du forum : Adoption du code de conduite électorale
Dans la mesure où les opposants n’avaient pas participé à l'élaboration du code de bonne conduite présenté par la CENI séance tenante, le forum devrait commencer par un débat contradictoire avant de passer à une adoption ou à un rejet. La prise de connaissance du code et son étude dans les differentes officines politiques était donc nécessaire. Si le texte du code avait été publié dans les journaux ou distribué bien avant aux participants, l’intitulé de la CENI pouvait être acceptable. Mais sans débat préalable, la demande d’un temps d’étude par l’opposition politique est défendable.
3. Du choix des invités ayant droit à la parole
La CENI avait certainement pensé démontrer sa force en exposant son artillerie lourde dans la salle du forum. La présence du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, de diplomates accrédités à Kinshasa, dont ceux des USA, de la France, et de la Belgique, trois pays constituant la veille troïka qui fait le beau temps et la pluie en RDC depuis des décennies, etc. Au lieu que cette présence de la troïka soit simplement protocolaire, la CENI a choisi de donner la parole à l’Ambassadeur des USA qui à son tour a lu le message du département d’Etat de la première puissance militaire mondiale. Cela suscite la question de savoir pourquoi donner la parole à l’ambassadeur des USA et non pas à celui du Swaziland par exemple. Au lieu d’une simple salutation protocolaire, le message du Département d’Etat Américain a non seulement félicité la CENI et le peuple congolais pour la réussite de la révision du fichier électoral par ailleurs très contestée par l’opposition politique et par le peuple congolais parce qu’entachée de plusieurs irrégularités. Comme si cela n’était pas suffisant, le message des USA a volé aux opposants et au peuple congolais leur droit et leur liberté de boycotter les élections s’ils trouvaient que les préalables de celles-ci n’étaient pas encore réunis. C’est cela en fait la démocratie. Le fait de donner la parole à la première puissance militaire mondiale dans un forum sur un acte de souveraineté congolaise a envoyé des signaux rouges à plusieurs observateurs. La CENI a fait douter une fois de plus de sa neutralité et de son entendement de la mission lui confiée. Les élections étant une afffaire du peuple congolais, seul le peuple congolais constitue une instance devant approuver ou désapprouver le travail abattu par la CENI. Certains observateurs se demandent si la CENI ne voulait pas par hasard effrayer les opposants et le peuple congolais pour les forcer de cautionner un fichier électoral entaché de plusieurs irrégularités sous peine de subir les frappes américaines. D’autres observateurs voient en filigrane derrière ce décor de la salle de cinéma du palais du peuple le risque d’une reconnaissance précipitée par la troïka et l’ONU d’un candidat mal élu mais tout de même proclamé vainqueur par la CENI.
Le débat sur le code de la bonne conduite électorale étant une affaire congolo-congolaise, la CENI n’avait pas besoin de faire lire un message d’un pays étranger, fut-il les USA. Un mot d’introduction du Pasteur Mulunda, Président de la CENI, une institution congolaise voulue neutre et apolitique, aurait suffi pour introduire un débat apaisé sur le code de conduite électorale en RDC. La CENI avait été créée parce qu’on ne voulait pas que les élections de 2011 soient organisées par le Belge Louis Michel ou par la Monusco. Ceci n’enlève rien aux relations privilégiées que peut avoir la RDC avec la troïka. Pour financer ses élections très très démocratiques, les USA empruntent de l’argent à la Chine, mais jamais on n’a vu la Chine prendre la parole dans un débat interne américain sur le code de bonne conduite électorale. Les USA et la Chine entretiennent une relation d’affaires et pas plus.
En d’autres termes, la troïka est certes un partenaire économique privilégié de la RDC, mais elle n’a pas le droit de donner des ordres aux acteurs politiques congolais dans un domaine de la souveraineté congolaise tel que les élections à ce stade du processus électoral. La troïka n’a pas non plus de leçon de démocratie à donner aux congolais. La démocratie dont les congolais ont besoin aujourd’hui n’est pas celle que les USA, la Belgique et la France soutiennent aujourd’hui en dehors de leurs frontières respectives (le cas de la Côte d’Ivoire, de la Libye, etc.). Un chercheur américain, Wayne Madsen, spécialiste de la politique américaine en Afrique, dans son livre « Génocide and Covert Operations in Africa, The Edwin Mellen Press, 1999 » conclut, avec preuves à l’appui, que la démocratie et les droits humains occupent le siège arrière de la voiture américaine en Afrique (p342). En d’autres termes, la démocratie et les droits humains ne sont pas la priorité de la politique américaine en Afrique, une politique qui selon Madsen est en faillite morale (America’s Africa Policy is morally bankrupt, p.478) car dictée prioritairement par les intérêts économiques (p.342), le pétrole, l’or, le diamant (.p 354), l’uranium, le cobalt, le coltan, etc. Les USA n’exportent pas le secret de leur démocratie que leurs pères fondateurs ont acquise par une révolution militaire. Il en est de même de la France, de l’Angleterre, etc. et de tous les peuples libres du monde. Les congolais ne doivent donc pas attendre qu’on leur serve la démocratie, la fin des tueries des civils et des pillages des ressources minières sur un plateau en or parce qu’ils ont des beaux yeux ou par un décret signé à Washington. Non ! Ils doivent s’organiser pour se libérer de l’exploitation et de l’occupation étrangère. L’exemple du printemps arabe a démontré que rien ne peut arrêter la volonté d’un peuple agissant pour se libérer d’une dictature. Au lendemain de la révolution égyptienne, un journaliste américain posa la question à une jeune révolutionnaire égyptienne sur la place Tahrir : « qu’est-ce que vous attendez des USA » maintenant que Hosni Moubarak est parti ? ». Au grand étonnement du journaliste, la jeune révolutionnaire égyptienne répondit qu’elle n’attendait rien des USA car les USA avaient soutenu la dictature de Moubarak pendant 30 ans contre le gré du peuple égyptien. Maintenant que le peuple égyptien avait finalement décidé de s’en défaire, il fallait lui laisser la tâche d’inventer sa démocratie. En d’autres termes, n’eut été la révolution du peuple égyptien, Hosni Moubarak serait jusqu'à ce jour au pouvoir et un allié des USA. Mais devant la détermination du peuple égyptien, les USA n’avaient d’autre choix que de s’incliner devant la volonté du peuple égyptien.
Revenant si le cas de la RDC, y-a-t-il un mouvement, un parti politique qui incarne la volonté d’auto-détermination et de libération du peuple congolais ? That’s the question ! Il n’y a pas longtemps J.P. Mbelu se posait sur ce site la question de savoir quelle lecture les hommes politiques et les observateurs congolais avaient faite du dernier film sorti aux USA et intitulé « Le conflit congolais : La vérité dévoilée ». Certains commentaires des lecteurs voient la nécessité d’une organisation des congolais en vue de la révolution congolaise. D’autres pensent toujours que la libération du peuple congolais viendra d’une intervention extérieure y compris de pays cités dans le pays comme cerveaux moteurs de toute la crise congolaise depuis 1996 à nos jours. En effet, des brillants historiens et analystes politiques interviewés dans le film rejoignent d’autres spécialistes du conflit congolais pour démontrer que plusieurs grandes puissances qui se disent aussi grandes démocraties sont au Congo pour leurs intérêts économiques mais pas pour y arrêter le plus grand génocide du siècle ( 8 millions des morts) et encore moins pour y développer la démocratie et le respect des droits humains.
Il n’y a pas longtemps non plus que Kakule Mathe faisait remarquer sur ce site que, sous les yeux et la barde de l’ONU, le conflit congolais n’a fait que s’empirer, passant de 250 000 morts en juillet 1999 en 8 000 000 de morts congolais en Juillet 2011. En dépit de cette gestion catastrophique du conflit congolais, ce ne sont pas les auto-satisfécits qui manquent au palmarès de la mission de l’ONU au Congo. L’auto-satisfecit émanant du Département d’Etat Américain sur la révision du fichier électoral rentre ainsi dans le cadre de ces évaluations qui ne tiennent pas compte du point de vue des congolais et qui ne visent donc pas a priori les intérêts du peuple congolais.
L’organisation des élections est une opportunité accordée aux congolais pour s’exprimer et faire entendre son évaluation de la marche sociopolitique de la RDC. Le rôle de la CENI est de faciliter cette expression libre et démocratique des congolais. Un parti politique peut faire intervenir un allié politique pour montrer sa réputation nationale et internationale mais pas la CENI qui doit rester l’Eglise au milieu du village. C’est ainsi que faire intervenir le Département d’Etat Américain à ce stade du processus électoral fait tiquer plusieurs observateurs qui se demandent si la CENI est à la hauteur de la tache lui confiée.
L’espace de dialogue que la CENI est appelée à offrir aux congolais doit être le seul lieu d’autorité du processus électoral. Les puissances étrangères aussi généreuses soient-ils envers la RDC ne peuvent se substituer au peuple congolais dans l’appréciation de son acte de souveraineté que sont les élections. Seul le peuple congolais, souverain primaire, est garant des élections en RDC. Ainsi donc, la CENI doit se garder de mettre le processus électoral sous d’autres tutelles que celle du souverain primaire congolais. Elle ne doit pas non plus précipiter certains débats entre elle, les politiciens et le peuple congolais au risque de manquer à sa neutralité. Pour réussir le pari des élections apaisées en RDC, la CENI doit favoriser l’obtention d’un consensus avec les politiciens et le peuple congolais sur les questions brûlantes de l’heure, telles que :
1. La pacification de tout le territoire national avant la tenue des élections,
Le nettoyage du fichier électoral non pas à Kinshasa mais dans chacune des provinces où les irrégularités telles que l’enrôlement des étrangers, des enfants, des militaires, ont été signalées.
L’affichage des listes électorales dans tous les centres d’enrôlement pour que les experts des partis politiques les exploitent,
La transparence dans le financement des partis politiques,
L’accès équitable aux medias d’Etat pendant la campagne,
L’adoption du mécanisme de sécurisation des bureaux de vote,
L’adoption du mécanisme de validation résultats des urnes.
L’adoption du code de bonne conduite électorale.
Si la CENI et les politiciens passent outre ces préalables, il ne faudrait pas qu’ils soient surpris du rejet des résultats d’une nouvelle mascarade électorale par le souverain primaire qui au matin du 6 décembre 2011 peut décider de faire tout reprendre à zéro à l’instar du monde arabe.
Oscar Masimengo
Canada
©Beni-Lubero Online
1. Du choix de la salle de cinéma
On se demande si le choix d’une salle de cinéma, fut-elle celle du palais du peuple, pour une question aussi vitale que l’adoption du code de bonne conduite électorale en RDC, n’est pas à la base du fiasco du lundi 25 juillet 2011. En effet, on a vu les opposants congolais s’adonner à la théâtralisation d’un débat politique qui se voulait pourtant sérieux. Après le cinéma tant décrié des élections de 2006 baptisées à tort ou à raison « d’élections Louis Michel de la Belgique», on peut penser que, en choisissant la salle du cinéma, la CENI à insinué sans le vouloir ( un lapsus) que celles du 28 novembre 2011 seraient aussi un cinéma ou "un théâtre de chez nous" où le héros est connu d’avance. C’est dans tous les cas une impression qui s’est dégagée du symbolisme du lieu mais aussi de la prestation de certains intervenants. Pour sa part, l’opposition politique qualifie le fait de sortir en bloc de la salle du forum de première victoire qui démontre qu’elle n’est pas si divisée comme beaucoup le pensent et qu’elle ne veut pas jouer pour une deuxième fois à la figuration dans un nouveau cinéma électoral. Entendons voir si le symbolisme de la salle de cinéma ne réveillera pas les démons de la théâtralisation de la vie politique telle que pratiquée à Kinshasa.
2. De l’intitulé du forum : Adoption du code de conduite électorale
Dans la mesure où les opposants n’avaient pas participé à l'élaboration du code de bonne conduite présenté par la CENI séance tenante, le forum devrait commencer par un débat contradictoire avant de passer à une adoption ou à un rejet. La prise de connaissance du code et son étude dans les differentes officines politiques était donc nécessaire. Si le texte du code avait été publié dans les journaux ou distribué bien avant aux participants, l’intitulé de la CENI pouvait être acceptable. Mais sans débat préalable, la demande d’un temps d’étude par l’opposition politique est défendable.
3. Du choix des invités ayant droit à la parole
La CENI avait certainement pensé démontrer sa force en exposant son artillerie lourde dans la salle du forum. La présence du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, de diplomates accrédités à Kinshasa, dont ceux des USA, de la France, et de la Belgique, trois pays constituant la veille troïka qui fait le beau temps et la pluie en RDC depuis des décennies, etc. Au lieu que cette présence de la troïka soit simplement protocolaire, la CENI a choisi de donner la parole à l’Ambassadeur des USA qui à son tour a lu le message du département d’Etat de la première puissance militaire mondiale. Cela suscite la question de savoir pourquoi donner la parole à l’ambassadeur des USA et non pas à celui du Swaziland par exemple. Au lieu d’une simple salutation protocolaire, le message du Département d’Etat Américain a non seulement félicité la CENI et le peuple congolais pour la réussite de la révision du fichier électoral par ailleurs très contestée par l’opposition politique et par le peuple congolais parce qu’entachée de plusieurs irrégularités. Comme si cela n’était pas suffisant, le message des USA a volé aux opposants et au peuple congolais leur droit et leur liberté de boycotter les élections s’ils trouvaient que les préalables de celles-ci n’étaient pas encore réunis. C’est cela en fait la démocratie. Le fait de donner la parole à la première puissance militaire mondiale dans un forum sur un acte de souveraineté congolaise a envoyé des signaux rouges à plusieurs observateurs. La CENI a fait douter une fois de plus de sa neutralité et de son entendement de la mission lui confiée. Les élections étant une afffaire du peuple congolais, seul le peuple congolais constitue une instance devant approuver ou désapprouver le travail abattu par la CENI. Certains observateurs se demandent si la CENI ne voulait pas par hasard effrayer les opposants et le peuple congolais pour les forcer de cautionner un fichier électoral entaché de plusieurs irrégularités sous peine de subir les frappes américaines. D’autres observateurs voient en filigrane derrière ce décor de la salle de cinéma du palais du peuple le risque d’une reconnaissance précipitée par la troïka et l’ONU d’un candidat mal élu mais tout de même proclamé vainqueur par la CENI.
Le débat sur le code de la bonne conduite électorale étant une affaire congolo-congolaise, la CENI n’avait pas besoin de faire lire un message d’un pays étranger, fut-il les USA. Un mot d’introduction du Pasteur Mulunda, Président de la CENI, une institution congolaise voulue neutre et apolitique, aurait suffi pour introduire un débat apaisé sur le code de conduite électorale en RDC. La CENI avait été créée parce qu’on ne voulait pas que les élections de 2011 soient organisées par le Belge Louis Michel ou par la Monusco. Ceci n’enlève rien aux relations privilégiées que peut avoir la RDC avec la troïka. Pour financer ses élections très très démocratiques, les USA empruntent de l’argent à la Chine, mais jamais on n’a vu la Chine prendre la parole dans un débat interne américain sur le code de bonne conduite électorale. Les USA et la Chine entretiennent une relation d’affaires et pas plus.
En d’autres termes, la troïka est certes un partenaire économique privilégié de la RDC, mais elle n’a pas le droit de donner des ordres aux acteurs politiques congolais dans un domaine de la souveraineté congolaise tel que les élections à ce stade du processus électoral. La troïka n’a pas non plus de leçon de démocratie à donner aux congolais. La démocratie dont les congolais ont besoin aujourd’hui n’est pas celle que les USA, la Belgique et la France soutiennent aujourd’hui en dehors de leurs frontières respectives (le cas de la Côte d’Ivoire, de la Libye, etc.). Un chercheur américain, Wayne Madsen, spécialiste de la politique américaine en Afrique, dans son livre « Génocide and Covert Operations in Africa, The Edwin Mellen Press, 1999 » conclut, avec preuves à l’appui, que la démocratie et les droits humains occupent le siège arrière de la voiture américaine en Afrique (p342). En d’autres termes, la démocratie et les droits humains ne sont pas la priorité de la politique américaine en Afrique, une politique qui selon Madsen est en faillite morale (America’s Africa Policy is morally bankrupt, p.478) car dictée prioritairement par les intérêts économiques (p.342), le pétrole, l’or, le diamant (.p 354), l’uranium, le cobalt, le coltan, etc. Les USA n’exportent pas le secret de leur démocratie que leurs pères fondateurs ont acquise par une révolution militaire. Il en est de même de la France, de l’Angleterre, etc. et de tous les peuples libres du monde. Les congolais ne doivent donc pas attendre qu’on leur serve la démocratie, la fin des tueries des civils et des pillages des ressources minières sur un plateau en or parce qu’ils ont des beaux yeux ou par un décret signé à Washington. Non ! Ils doivent s’organiser pour se libérer de l’exploitation et de l’occupation étrangère. L’exemple du printemps arabe a démontré que rien ne peut arrêter la volonté d’un peuple agissant pour se libérer d’une dictature. Au lendemain de la révolution égyptienne, un journaliste américain posa la question à une jeune révolutionnaire égyptienne sur la place Tahrir : « qu’est-ce que vous attendez des USA » maintenant que Hosni Moubarak est parti ? ». Au grand étonnement du journaliste, la jeune révolutionnaire égyptienne répondit qu’elle n’attendait rien des USA car les USA avaient soutenu la dictature de Moubarak pendant 30 ans contre le gré du peuple égyptien. Maintenant que le peuple égyptien avait finalement décidé de s’en défaire, il fallait lui laisser la tâche d’inventer sa démocratie. En d’autres termes, n’eut été la révolution du peuple égyptien, Hosni Moubarak serait jusqu'à ce jour au pouvoir et un allié des USA. Mais devant la détermination du peuple égyptien, les USA n’avaient d’autre choix que de s’incliner devant la volonté du peuple égyptien.
Revenant si le cas de la RDC, y-a-t-il un mouvement, un parti politique qui incarne la volonté d’auto-détermination et de libération du peuple congolais ? That’s the question ! Il n’y a pas longtemps J.P. Mbelu se posait sur ce site la question de savoir quelle lecture les hommes politiques et les observateurs congolais avaient faite du dernier film sorti aux USA et intitulé « Le conflit congolais : La vérité dévoilée ». Certains commentaires des lecteurs voient la nécessité d’une organisation des congolais en vue de la révolution congolaise. D’autres pensent toujours que la libération du peuple congolais viendra d’une intervention extérieure y compris de pays cités dans le pays comme cerveaux moteurs de toute la crise congolaise depuis 1996 à nos jours. En effet, des brillants historiens et analystes politiques interviewés dans le film rejoignent d’autres spécialistes du conflit congolais pour démontrer que plusieurs grandes puissances qui se disent aussi grandes démocraties sont au Congo pour leurs intérêts économiques mais pas pour y arrêter le plus grand génocide du siècle ( 8 millions des morts) et encore moins pour y développer la démocratie et le respect des droits humains.
Il n’y a pas longtemps non plus que Kakule Mathe faisait remarquer sur ce site que, sous les yeux et la barde de l’ONU, le conflit congolais n’a fait que s’empirer, passant de 250 000 morts en juillet 1999 en 8 000 000 de morts congolais en Juillet 2011. En dépit de cette gestion catastrophique du conflit congolais, ce ne sont pas les auto-satisfécits qui manquent au palmarès de la mission de l’ONU au Congo. L’auto-satisfecit émanant du Département d’Etat Américain sur la révision du fichier électoral rentre ainsi dans le cadre de ces évaluations qui ne tiennent pas compte du point de vue des congolais et qui ne visent donc pas a priori les intérêts du peuple congolais.
L’organisation des élections est une opportunité accordée aux congolais pour s’exprimer et faire entendre son évaluation de la marche sociopolitique de la RDC. Le rôle de la CENI est de faciliter cette expression libre et démocratique des congolais. Un parti politique peut faire intervenir un allié politique pour montrer sa réputation nationale et internationale mais pas la CENI qui doit rester l’Eglise au milieu du village. C’est ainsi que faire intervenir le Département d’Etat Américain à ce stade du processus électoral fait tiquer plusieurs observateurs qui se demandent si la CENI est à la hauteur de la tache lui confiée.
L’espace de dialogue que la CENI est appelée à offrir aux congolais doit être le seul lieu d’autorité du processus électoral. Les puissances étrangères aussi généreuses soient-ils envers la RDC ne peuvent se substituer au peuple congolais dans l’appréciation de son acte de souveraineté que sont les élections. Seul le peuple congolais, souverain primaire, est garant des élections en RDC. Ainsi donc, la CENI doit se garder de mettre le processus électoral sous d’autres tutelles que celle du souverain primaire congolais. Elle ne doit pas non plus précipiter certains débats entre elle, les politiciens et le peuple congolais au risque de manquer à sa neutralité. Pour réussir le pari des élections apaisées en RDC, la CENI doit favoriser l’obtention d’un consensus avec les politiciens et le peuple congolais sur les questions brûlantes de l’heure, telles que :
1. La pacification de tout le territoire national avant la tenue des élections,
Le nettoyage du fichier électoral non pas à Kinshasa mais dans chacune des provinces où les irrégularités telles que l’enrôlement des étrangers, des enfants, des militaires, ont été signalées.
L’affichage des listes électorales dans tous les centres d’enrôlement pour que les experts des partis politiques les exploitent,
La transparence dans le financement des partis politiques,
L’accès équitable aux medias d’Etat pendant la campagne,
L’adoption du mécanisme de sécurisation des bureaux de vote,
L’adoption du mécanisme de validation résultats des urnes.
L’adoption du code de bonne conduite électorale.
Si la CENI et les politiciens passent outre ces préalables, il ne faudrait pas qu’ils soient surpris du rejet des résultats d’une nouvelle mascarade électorale par le souverain primaire qui au matin du 6 décembre 2011 peut décider de faire tout reprendre à zéro à l’instar du monde arabe.
Oscar Masimengo
Canada
©Beni-Lubero Online
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire