samedi 16 novembre 2013

Rwanda : S'agenouiller. Au nom de quels Hutus ?

Ils ont trafiqué moult chiffres, ils ont fabriqué mille mensonges, ils veulent aujourd'hui techniquer les sentiments. Une absurdité fraîchement sortie d'un colloque typiquement afandesque veut obliger tous les Hutus à demander pardon pour un génocide qui aurait été commis en leur nom. 

                                     Peuple Rwandais

Kagame et sa bande d'idéologues ne pouvaient-ils pas trouver mieux pour laver la honte qui les couvre depuis Chanzu ; vous savez, cette colline qui rappellera à tout jamais le jour où les limites de la puissance des soldats sans frontières du duo Museveni-Kagame ont été exposées. 

Sommé par son grand allié de ne plus s'immiscer dans les affaires congolaises, afande Supremo n'a plus de punching-ball sur lequel se défouler. Ah, plutôt si ! 

Une partie de sa population : les Hutus. Citoyens de seconde zone depuis 1994 déjà, les membres de cette communauté se voient maintenant retirer subrepticement, mais officiellement une nationalité qu'ils ne pourront récupérer qu'après une génuflexion destinée à globalement les culpabiliser. Du plus jeune au vieillard. 

Qu'y a-t-il à gagner avec ce nouveau boa constrictor d'Afandie ?

Simple est la réponse : rien du tout. Comme agaciro, il s'agit d'un autre ersatz du nationalisme kagamien. 


De un, comment ou qui a dit au premier des afande que ce génocide a été commis au nom des Hutus ? 

Faisait-il donc partie des planificateurs (toujours introuvables) de ce crime ? 

Lui aurait-on finalement transmis les minutes des préparatifs tant recherchés par le trop partial Tpir ? De deux : peut-il juste nous rappeler qui était et que faisait le nommé Robert Kajuga dans cette entreprise macabre ? 

Surtout peut-il nous dire un peu plus sur les infiltrations qu'il avait réussi à organiser au sein des Interahamwe, fer de lance de ces tueries ? Enfin, et de trois : au nom de quels Hutu a-t-on commis ce génocide ? 

Aussi bien ses gacaca controversés que l'autre d'Arusha, tous ont envoyé à la potence bien des personnes sans défense (juridique) et malgré cela, il lui faut encore que tous ceux qui n'ont jamais été d'accord avec la Folie de 1994 endossent une culpabilité sans raison. 

De quel droit donc ou selon quels critères choisira-t-on ceux qu'on érigera en représentants des Hutus, une ethnie hier encore inexistante dans la logorrhée afande ? 

Encore une fois donc, cette nouvelle trouvaille surnommée abusivement « ndi umunyarwanda » ne servira qu'à brimer et à étouffer plus de vies, signant ainsi la ménopause d'un régime... 

La ménopause. Oui, cette fin de la période reproductive de la femme marquée par l’arrêt des règles ainsi que par la cessation de l’ovulation et de la sécrétion par les ovaires des hormones sexuelles. 


Si l'on sait qu’une femme est ménopausée lorsqu’elle n’a pas eu de menstruations pendant 12 mois consécutifs, le régime qui gouverne le Rwanda lui, il y a fort longtemps qu'il a cessé d'assurer. 

A la suite du fiasco « agaciro » enterré quelque part dans la capitale britannique, au milieu de crottes de cheval et d’œufs pourris, la clique de Kigali n'a plus la main. Plus d'idées pour gérer la chose publique. Plus de sympathisants sincères. Vraiment. 

Ne pouvant plus intimider quelque étranger que ce soit, c'est sur les Rwandais qu'elle lâche ses aberrations. Ndi umunyarwanda, viennent-ils seulement de réaliser ! 

Bien sûr qu'on est Rwandais. Mais, est-ce pour ça que pendant tout ce temps ils massacraient à tour de bras ? 

Est-ce à cause de cette ignorance que l'autre s'exprime tout le temps comme un... qui ne partage pas les valeurs de notre tradition ? 

Les Rwandais n'ont pas besoin de ses critères teintés d'apartheid pour appartenir à ce pays, non ! Il y a pour cela les Rick Warren, Andrew Mwenda, Silas Lwakabamba, etc. 

Et, tout récemment, le musicien Jean-Pierre Kidumu Kibido Nimbona qui veut les rejoindre. A eux, on peut expliquer comment être Rwandais... pas aux Rwandais.

On connaissait les Hutu dits « de service », ceux qui auraient embrassé, sans trop se poser de questions, une séduisante, mais fourbe fiancée – le Fpr – qui avait pris le visage d'une prétendue libération. Kwibohora disait-on à l'époque. 


Le lendemain des noces, ceux qui ont démasqué le subterfuge ont, un à un, pris le large et dénoncent aujourd'hui la fourberie de ce Fpr-là. 

En manque de soutien dans son propre camp (akazu) et conscient d'un grave désamour avec celui d'en face (le peuple), Kagame vient d'abattre une de ses dernières cartes : (la léthargie de) ses complices. Les « hutus de Kagame ». Ceux qui doivent porter le fardeau, tout le fardeau. 

Ils l'ont d'ailleurs toujours porté puisque c'est sur eux que s'est appuyé la stratégie du mal qu'ont infligé à la nation Kagame est ses alliés Interahamwe. Ils ont pour nom la cécité, l'insouciance, la balourdise, l'idiotie, la stupidité, la cupidité, la folie, la cruauté, la sauvagerie. 

C'est au nom de ces anti-valeurs qu'ont été tués des Rwandais en 1994. Pas au nom des Hutus. Non. Affirmer éhontément le contraire est un flirt insupportable avec le non sens, et tout aussi criminel. 

N'est-ce pas le président lui-même qui ordonnait, il y a de cela quelques années, la libération de 30 à 40.000 prisonniers (des personnes âgées de plus de 70 ans, des malades, ceux qui étaient mineurs au moment des faits et ensuite, les plus nombreux, ceux qui avaient avoué leur crime) ? 


Pourquoi n'a-t-il pas alors « demandé » à cette dernière catégorie de demander pardon ?

 Il est vrai qu'à l'époque, l'homme et son empire vivaient nonchalamment leur apogée et ne se sentaient en rien menacés dans leur confort.

Seulement, au fur et à mesure qu'ils se savent démasqués et que s'opposer à leur dictature est devenu le devoir de tout munyarwanda, ils veulent se constituer un vivier de sous-hommes qu'ils comptent paralyser par doses de « ndi umunyarwanda ». 

Que font-ils, entre-temps, de l'article 17 de la constitution par eux-mêmes promulguée (La responsabilité pénale est personnelle) ? Ils s’asseyent tout simplement dessus. Alors s'agenouiller au nom des Hutus de Kagame ? Non, merci.
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Cecil Kami 

SCISSION DU M23: Une farce signée Kagame et Museveni !

Vendredi, 15 Novembre 2013

 

Serge Kambasu Ngeve

Jusqu’ici secrétaire permanent de ce mouvement rebelle défait militairement par les FARDC, Serge Kambasu Ngeve affirme bénéficier du soutien de la majorité des membres de l’ex-rébellion et annonce son intention de signer les conclusions des pourparlers de Kampala avec Kinshasa. 


Lors d’un point de presse à Kampala, le mercredi 13 novembre 2013, Serge Kambasu Ngeve, a indiqué que son aile était prête à signer les conclusions des pourparlers de Kampala, comme souhaité ‘par la délégation du gouvernement RD-congolais. L’histoire se répète.

Et les pièces de rechange ne manquent pas dans les magasins des présidents rwandais et Ougandais. Le scénario est le même. Le Rassemblement congolais pour la démocratie -RCD- a éclaté en plusieurs ailes notamment RCDI Goma, RDC/KM et RCD/N. 

La différence s’est montrée. Le RDC/Goma appartient aux rwandophones et les deux autres ailes aux RDCongolais, savoir Antipas Mbussa Nymwisi et Roger Lumbala. Le RCD/Goma a engendré le CNDP et ce dernier à son tour a enfanté le M23. Il y a des similitudes. 

Kampala et Kigali cherchent toujours à trouver un pion qu’ils manipuleraient à la tête du mouvement rebelle pour déstabiliser la RDCongo. L’affaire remonte en 2004 lorsque Laurent Nkundabatware, général issu du RDC/Goma refuse d’intégrer les rangs des FARDC à Kinshasa. 

Il soutient le colonel Jules Mutebusi qui a envahi la ville de Bukavu avant d’y être délogé par le général Mbuza Mabe. Nkunda crée le CNDP. Il est rejoint par Bosco Ntaganda. Coincé par la justice RD-congolaise et internationale, Nkunda se réfugie au Rwanda et est remplacé par Bosco Ntaganda. 

Ce dernier, à son tour est mis hors-jeu par ses parrains avec son bras droit Jean-Marie Runiga au profit de Sultani Makenga. 

Aujourd’hui que les crimes pèsent sur Makenga, voici que Kigali et Kampala trouvent une pièce de rechange, à savoir Serge Kambasu Ngeve pour occuper la place de Bertrand Bisimwa. 

Du coup, le mouvement rebelle éclate pour la seconde fois en deux ailes différentes, à savoir l’aile Kambasu et celle de Bisimwa. C’est le jeu de Museveni et Kagame. 

L’information de la scission du M23 vaincu militairement est relayée par Jeuneafrique.com. 

Ce que les deux pays n’ont pas su gagner militairement, ils espèrent le gagner par le dialogue qu’ils veulent imposer à Kinshasa en tenant à tout prix à la signature d’un accord entre la RD-Congo et le M23.

Changement de stratégie et remplacement imminent.


Voilà qui caractérise le climat qui prévaut actuellement au sein de l’ex-mouvement rebelle du M23. Vaincu militairement par l’armée régulière RD-congolaise, le M23 n’existerait plus, du moins sous sa forme la plus nuisible.


Dans l’entretemps, des pressions sont exercées sur Kinshasa par Mary Robinson, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU dans les Grands Lacs et le duo Kagame-Museveni pour qu’un accord de paix soit signé entre le gouvernement et le mouvement rebelle. 


Kinshasa, fort de sa victoire militaire a refusa de tomber dans le piège de Kampala. Il préfère signer une déclaration de fin des pourparlers que de signer un accord de paix avec l’ex-rébellion.

Les choses se sont compliquées et la délégation gouvernementale à regagné Kinshasa sans pur autant signer aucun papier. La médiation est dans la tourmente. 


La position de fa RD-Congo est claire : «le document à signer doit refléter la réalité du terrain car il y a le gouvernement légitime d’une part et une rébellion défaite d’autre part», a déclaré Raymond Tshibanda, chef de la délégation gouvernementale à Kampala à son retour dans la capitale le mardi dernier. 

Les autorités ougandaises ont indiqué que le dialogue allait se poursuivre pour obtenir la signature avortée, menaçant même Kinshasa de ne pas lui remettre les rebelles réfugiés sur le sol ougandais.

Pour ne pas se sentir humiliés, les deux parrains de la rébellion vaincue chercheraient une issue qui les protégerait. Cette issue, c’est de procéder au changement de la direction de l’ex-mouvement rebelle. 


A la place de ceux qui sont poursuivis par la justice à cause des crimes de guerre et crimes contre l’humanité sur le sol RD-congolais, Museveni et Kagame rééditent leur exploit de changer la tête de l’ex-mouvement, comme ils avaient réussi à le faire avec Nkunda, Bosco Ntaganda et Runiga. 

«Nous pouvons faire le même jeu pour Sultani Makenga en proposant Kambasu comme négociateur et nous allons convaincre Kinshasa à signer l’accord», se sont-ils dits. Mais ils oublient que la donne politique et militaire a fondamentalement changé.

C’est dans cette optique que le Mouvement du 23-Mars a été désormais poussé par ses parrains à éclater en deux branches distinctes. 


Selon jeuneafrique.com, son secrétaire permanent, Serge Kambasu Ngeve, affirme bénéficier du soutien de la majorité des membres de l’ex-rébellion et annonce son intention de signer les conclusions des pourparlers de Kampala avec le gouvernement RDcongolais. Une démarche qui s’éloigne de la position prise initialement par le bureau politique du groupe armé, aujourd’hui défait.

L’aile Kambasu se veut réaliste et espère arriver à la signature d’un accord avec Kinshasa peu importe la dénomination -déclaration finale ou accord-. 


«Nous refusons d’être pris en otage par une minorité de personnes qui bloquent l’aboutissement du processus de paix», dit Kambasu en faisant allusion à certains de ses camarades hantés par le terme «accord de paix» comme intitulé du document qui doit sanctionner les pourparlers entre le gouvernement congolais et le M23. 

Pourtant, Kinshasa ne veut pas entendre ce mot. Fort de sa victoire, militaire sur le terrain, il préfère les termes déclaration ou conclusions.

Qu’allons-nous devenir?, se demande Kambasu

Dans un point de presse à Kampala, le mercredi 13 novembre 2013, Serge Kambasu Ngeve, a indiqué que son ai le était prête à signer les conclusions de Kampala, un des termes souhaités par Kinshasa, avec la délégation du gouvernement RD-congolais. 


« Ce jeu de vocabulaire, certes avec des implications politiques, ile peut, en aucun cas, conduire à un suicide collectif pour notre organisation et des milliers des membres qui la composent», a-t-il souligné.

Selon Jeune Afrique. celui qui se considère comme le négociateur principal du M23 s’interroge sur la capacité visionnaire de ceux qui sont à la tête de leur groupe armé défait. 


Il pose une question à Bertrand Bisimwa, chef politique du M23 et à Réné Abandi, le chef de la délégation de l’ex-rébellion à Kampala : «Si nous ne concluons pas les pourparlers de Kampala avec le gouvernement, qu’allons- nous devenir ? Que vont devenir les ex-combattants rebelles». Il appartient aux intéressés d’y répondre.

Pour le moment, l’ex-rébellion vit ‘un tournant décisif et tente de se survivre. 


De toute évidence, l’aile Kambasu eut obtenir en échange «l’amnistie et le cantonnement ou la réinsertion à la vie civile de nos troupes» précise celui qui passe pour le nouveau chef du M23. 

Quitte à la médiation ougandaise de savoir ménager car on ne sait pas si le gouvernement RD-congolais accepterait de signer une déclaration avec une nouvelle aile du M23 mise en place par Kigali et Kampala. Mais Kinshasa n’est pas dupe, estime un observateur.
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Octave MUKENDI

ULTRAMARINE - The Jazz Fusion Masters' s Come back

Plus d’un milliard de dollars : Un plan d’investissement agricole adopté en RDC

16/11/2013 


Des femmes Congolaises 

La République démocratique du Congo vient de se doter d’un plan national d’investissement agricole qui bénéficiera de plus d’un milliard de dollars. 


Les partenaires techniques et financiers du gouvernement ainsi que des acteurs du secteur privé ont souscrit, chacun selon ses moyens, à apporter les financements nécessaires à l’exécution de ce plan de huit ans, lors des business meeting, tenus le 7 et 8 novembre derniers, a-t-on appris de sources gouvernementales.

Le gouvernement avait lancé ces réunions d’affaire pour mobiliser des fonds à cette fin.

Le ministère de l’agriculture et développement rural espérait réunir plus de trois milliards de dollars américains de souscription. 


Le besoin en financement du plan national d’investissement agricole était de l’ordre de près de 6 000 000 000 de dollars. 65% de ce montant devait être mobilisés.

Mais lors des réunions d’affaires, certains de ses partenaires comme la Banque mondiale, la Banque africaine pour le développement (Bad), l’Union européenne, la FAO ou l’USAID n’ont souscrit que pour plus de 1 200 000 000 de dollars américains, tandis que le secteur privé ainsi que certains pays ont souscrit pour plus de 400 000 000 $ US.

De son côté, le gouvernement congolais lui-même allouera chaque année 10 000 000 de dollars au secteur agricole d’ici à 2020, un chiffre qu’il compte augmenter. 


Par ailleurs, le gouvernement a pris l’engagement d’augmenter sa dotation budgétaire à l’agriculture. 
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© KongoTimes

Comment Kagame a perdu la bataille contre Kabila

le vendredi 08 novembre 2013

L'armée de la République démocratique du Congo a mis en déroute au Nord-Kivu les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, qui ont capitulé 


Soldats congolais Reuters
 
Les faits - A la suite d'une vaste offensive dans la province du Nord-Kivu, l'armée congolaise a repris tous les bastions du M23. Une victoire pour le président Joseph Kabila qui compte maintenant poursuivre son offensive contres les autres groupes de rebelles et miliciens retranchés dans l'Est de son territoire. 


Toute paix durable passera toutefois par un accord global avec les puissances voisines.

Les Congolais fêtent leur armée. A Kinshasa, des affiches et des T-shirt arborent le même message « FARDC, Eloko Ya Makasi (Ndlr : Forces armées de la RDC, une armée forte). 


Cela fait 35 ans que les troupes régulières n’avaient pas vaincu une rébellion sur leur territoire. A l’époque, les soldats du président-général Mobutu, avec l’aide marocaine et occidentale, avaient remporté la guerre du Shaba contre des séparatistes katangais appuyés par l’Angola et Cuba. 

Ces derniers jours, l’armée nationale a mis en déroute les rebelles du Mouvement du 23-mars (M23) qui ont annoncé, le 5 novembre, leur reddition et la volonté de porter dorénavant leurs revendications sur le plan politique. 

Une victoire rendue possible grâce une réorganisation l'armée congolaise et l’appui de la brigade d’intervention onusienne (composée de soldats sud-africains, tanzaniens et malawites) qui a pilonné l’ennemi retranché au Nord-Kivu, aux confis des frontières rwandaise et ougandaise. 

Cette victoire ouvre la porte au règlement d’un long conflit régional même si elle ne met pas fin à toutes les rebellions et milices dans l’Est du Congo. 

La RDC, vaste territoire plus de quatre fois plus grand que la France peuplé de 72 millions d'habitants, est en proie à de fréquents troubles souvent pilotés par les puissances voisines alléchées par les ressources de son sous-sol.

Le M23 a été créé en avril 2012 à la suite d’une mutinerie d'ex-combattants de la rébellion tutsi congolaise réintégrés dans l'armée régulière, trois ans plus tôt. Le gouvernement les accusait de se payer sur la bête et avait décider de les muter. 


En octobre 2012, les Nations unies ont accusé le Rwanda et l’Ouganda – qui l’ont toujours nié – de leur fournir une aide militaire pour des raisons essentiellement économiques. 

La région des deux Kivu est riche en pétrole, or, cassitérite et coltan. On retrouve ce dernier minerai dans les téléphones portables fabriqués en Chine ou en Allemagne. Une bonne partie de la production est écoulée via les pays frontaliers.

En octobre et novembre 2012, le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, a mené une intense activité diplomatique à Paris, Bruxelles et Berlin. Résultat : les Européens ont suspendu une partie de leur aide au Rwanda dont le budget annuel dépend pour près de 40 % de cet appui extérieur. 


Le chef du gouvernement s’est aussi rendu à New York et Washington en février 2013 pour convaincre les institutions de Bretton woods et les Américains de lâcher Kigali. 

De son côté, la France a porté une résolution devant le Conseil de sécurité, adoptée le 28 mars 2013, donnant un mandat offensif à la force onusienne. 

L'implication personnelle de Ban Ki-moon a été importante sur ce dossier. Côté américain, explique un proche du Premier ministre congolais, « Hillary Clinton et Susan Rice (NDLR : les anciennes secrétaire d’Etat et ambassadrice auprès de l’ONU) soutenaient Kigali. 

L’arrivée de John Kerry au département d'Etat en février a changé la donne. Paris est parvenu à convaincre les Etats-Unis de retirer leur soutien au Rwanda ». 

Il était devenu difficile pour Washington d’appuyer un partenaire dont tous les rapports internationaux dénonçaient les entreprises de déstabilisation de leur voisin. 

Autres arguments qui ont pesé : l’opération onusienne coûte chaque année plus d’un milliard de dollars. Les troubles à l’Est pénalisent les efforts de reconstruction du Congo qui a retrouvé une croissance de plus de 7 %. 

La Maison Blanche a remplacé Susan Rice par Samantha Power et nommé un nouvel envoyé spécial pour la région des Grands Lacs. Dernièrement, elle a suspendu son aide militaire à Kigali pour l’année 2014.

Sur la scène africaine, le Rwanda et l’Ouganda se sont aussi trouvés isolés à la suite d’une offensive diplomatique des pays de l’Afrique australe, particulièrement de l’Afrique du sud. 


Jacob Zuma, le président sud-africain, a engagé son armée en RDC et joué de toute son influence auprès de l’Union africaine, dont la Commission est dirigé par son ex-femme. Cela a permis d’isoler Paul Kagamé et Yoweri Museveni, le président ougandais. Un retour gagnant pour Pretoria. 

En visite le 4 novembre à Kinshasa, Zuma a signé un accord portant sur la fourniture de la moitié de l’électricité produite par le futur barrage d’Inga III. Les Sud-Africains devraient installer prochainement une usine d’engrais en RDC.

Pour la communauté internationale, l’enjeu est dorénavant d’assurer une paix durable dans la sous-région. Les dirigeants de quinze pays africains se sont réunis lundi et mardi à Pretoria pour un sommet qui s’est penché sur la situation dans l'est du Congo. 


Paris, New York, et Pretoria cherchent maintenant à obtenir la signature d’un accord global impliquant les pays de la région (RDC, Rwanda, Ouganda, Burundi…) et prévoyant un arrêt des soutiens aux mouvements rebelles, l’engagement à lutter contre les groupes armés et à respecter les souverainetés nationales. 

De son côté, l’armée congolaise compte poursuivre ses offensives contre les différents mouvements rebelles de l’Est, particulièrement les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, des combattants hutus), et des milices opérant sur son territoire comme les Maï-Maï. 

Cette reconquête passe par la poursuite des efforts de reconstruction d’une armée composite, en proie à une indiscipline récurrente et dont les combattants tusti ne veulent pas quitter l'Est. 

Le remplacement du chef d’état-major de l'armée de terre, il y a un an, et de plusieurs officiers, la suspension de certains militaires corrompus, la réorganisation du commandement opérationnel, l’équipement des troupes, la bancarisation des soldes des soldats (autrefois, leurs officiers supérieurs mettaient la main sur leurs traitements), attestent de progrès. 

Mais, il reste beaucoup pour faire des 100.000 soldats des FARDC une force loyaliste, moderne et professionnelle.



@P_Airault

Nouvelle rébellion en gestation dans l’Est de la RD-Congo: Museveni viserait le pétrole du lac Albert

Vendredi, 15 Novembre 2013



Après l’ex-rébellion du M23 parrainée par le président rwandais Paul Kagame, c’est le tour de l’ougandais Yoweri Museveni, de récidiver. 


Alors qu’il avait déjà soutenu à son temps le MLC de Jean-Pierre Bemba, le RCD/KML de Mbusa et le RCD/N de Mbusa Nyamuisi, des sources sûres révèlent que Museveni serait en phase de préparation d’une nouvelle rébellion ayant pour objectif de continuer la déstabilisation de la partie Est de la RD-Congo. 

Le Chef d’Etat ougandais viserait, selon les mêmes sources, l’exploitation du pétrole dans le lac Albert, dans le district de l’Ituri, en Province Orientale.

Plusieurs signes confirment la maux foi du gouvernement ougandais d’aider la RDCongo à atteindre son éternelle ambition de pacifier l’ensemble de son territoire. 


Le refus prémédité de Kampala de mettre à la disposition des autorités RD-congolaises, le chef militaire du Mouvement du 23 mars -M23- et certains de ses hommes refugiés en Ouganda après leur défaite militaire contre les FARDC, prouve à suffisance le plan macabre de Kampala contre la RD-Congo. 

Si les trois pays voisins notamment le Rwanda, l’Ouganda et la RDCongo sont appelés à mener une politique mutuelle de stabilisation de la région, cela conformément à l’accord- cadre d’Addis-Abeba et de Kampala, la réalité est tout autre sur le terrain. 

Le gouvernement ougandais n’a ainsi pas de raison de garder ces rebelles dans son pays, sous prétexte qu’il fallait d’abord attendre la signature effective d’un accord de paix entre Kinshasa et la branche politique de l’ex-M23. 

Dans les colonnes du Magazine français Jeune Afrique, le porte- parole du ministère de la Défense et de l’armée ougandaise, le Colonel Paddy Ankunda, a confirmé et justifié la position de son pays quant à l’extradition de ces rebelles en RD-Congo. 

«Ils ne sont pas prisonniers. Ce sont des soldats fuyant la guerre, nous les accueillons et les aidons parce que c‘est de notre responsabilité, comme nous l’avons aussi fait pour des soldats de l‘armée de la RDCongo par le passé», a-t-il fait savoir. 

L’officier militaire ougandais dont les propos engagent son pays, ignore ou se refuse de reconnaître que Sultani Makenga et ses hommes sont bel et bien des rebelles, mieux des criminels de guerre qui ne devaient pas bénéficier du même traitement que des militaires appartenant à une armée régulière. 

Ce pays voisin ferait mieux de les remettre à la justice du pays dans lequel ils ont commis des exactions. Visiblement, l’Ouganda, pourtant membre de la CIRGL, a pris une position qui s’oppose à la logique de l’accord-cadre d’Addis-Abeba qui stipule, entre autres, que « il est interdit aux Etats de la région de tolérer ou de fournir une quelconque assistance à des groupes armés ».

A en croire certains analystes politiques, le gouvernement ougandais préfère protéger sur son territoire Makenga et ses hommes, dans le seul but de les convaincre à s’associer aux hommes du Colonel déchu John Tshibangu afin d’attaquer de nouveau, sous la caution de Museveni, la RDCongo pourtant longtemps fragilisée dans sa partie Est. 


Une idée aussi déjà dénoncée par la société civile du Nord-Kivu. La presse à Kinshasa fait état d’une déclaration de la même société civile devant les médias, dénonçant la présence du Colonel John Tshibangu dans l’Est de la RD-Congo. 

Certes, ce dernier serait le pion principal de Museveni dans l’imminente attaque qu’il prépare contre la RD-Congo. 

En désaccord depuis belle lurette avec sa hiérarchie, l’officier des FARDC John Tshibangu avait déjà déclenché une rébellion dans le Kasaï pour continuer de déstabiliser l’Est de la RD-Congo. 

Cette fois-ci, c’est vers le pétrole tant convoité de l’Ituri que sera orientée la nouvelle tentative de déstabilisation.
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Olitho KAHUNGU

Nord-Kivu : début des enquêtes sur l’affaire des fosses communes du M23

le 16 novembre, 2013

 

Le gouverneur du Nord-Kivu et des militaires congolais découvrent une cache d'armes du M23 à Chanzu (Photo FARDC) 

Les enquêtes sur l’existence de fosses communes creusées par le M23 dans la chefferie de Bwisha, ancien fief de la rébellion à Rutshuru, ont débuté vendredi 15 novembre, a indiqué l’administrateur de ce territoire. 


Une délégation du gouvernement provincial accompagnée du chef de Busanza, un des sept groupements de cette chefferie, s’est rendue dans la localité de Rugarama pour constater l’existence de ces tranchées. Elle a recueilli plusieurs témoignages des habitants sur les meurtres de leurs proches commis par le M23.

Un chef local a conduit la délégation à l’emplacement d’une fosse commune qui renfermerait au moins 9 personnes, à Nyarukwangara. Un officier de la police judiciaire, membre de la délégation, a annoncé l’arrivée, sur ordre du procureur, d’un médecin légiste pour la suite de l’enquête.

A Rugarama, centre du groupement Busanza, les habitants se sont dits satisfaits du retour, pour la 1ère fois depuis le départ du M23, de leur chef de groupement, Pierre Claver Sebisusa. Ce dernier était accompagné de quelques militaires des Forces armées de la RDC (FARDC).

L’autorité locale n’a cependant pas pu accéder à ses bureaux, actuellement occupés par des rebelles rwandais des FDLR, après le vide laissé par le M23, dont les éléments se sont réfugiés en Ouganda.

Les FDLR contrôlent aussi le poste frontalier de Kitagoma où ils perçoivent des taxes sur les marchandises.

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radiookapi.net

France : Christiane Taubira et les chiens de la République

13/11/2013

 
Christiane Taubira, la garde des Sceaux, le 29 octobre. © MEUNIER AURELIEN/SIPA

Ils aboient, mordent et griffent, à coups de slogans racistes. Leur victime favorite ? La ministre de la Justice et ex-députée de Guyane. Et peu de voix s'élèvent pour condamner ces dérives inquiétantes.

La cote d'alerte est atteinte. Ce n'est peut-être qu'une impression, puisqu'il n'existe pas de baromètre fiable pour mesurer le degré de pollution raciste infectant les cerveaux. 


Mais, avant même l'affaire de la une de Minute, un seuil avait été franchi, le 25 octobre, à Angers - ville de l'Ouest français jumelée avec Bamako (Mali) -, où Christiane Taubira, la ministre de la Justice, était en déplacement.

Parce que l'insulte venait d'un groupe d'enfants, elle donnait à voir une France particulièrement effrayante. Elle n'a en effet qu'une douzaine d'années, cette fillette qui lève en direction du palais de justice une peau de banane, avant que le groupe de gamins qui l'entoure ne se mette à scander en choeur : "La guenon, mange ta banane !" 


Et ce, sans émouvoir outre mesure les adultes présents. Innocence enfantine ? Allons donc ! 

Chacun sait l'influence des parents - et les manifestants opposés au mariage pour tous, dont ce groupe faisait partie, ne se sont guère signalés ces derniers temps par leur ouverture d'esprit. Certains d'entre eux furent même les premiers à caricaturer l'élue en gorille.

Venant du Front national (FN), parti d'extrême droite, les attaques verbales contre l'Étranger, le Noir, l'Arabe, le Rom ou le Juif ne surprennent malheureusement plus. 


Le pseudo-dérapage d'Anne-Sophie Leclere traitant la garde des Sceaux de "sauvage", la comparant à un singe et déclarant préférer "la voir dans un arbre après les branches [sic] que de l'avoir au gouvernement", n'en était pas plus un que l'ignoble "Durafour-crématoire" de Jean-Marie Le Pen, en 1988. 

Il s'agit, toujours, de flatter un électorat guidé par la peur et le rejet de l'autre. Dédiabolisation du FN oblige, la candidate aux municipales dans les Ardennes a été remerciée par sa direction : le message étant passé, on peut bien sacrifier le messager.

"Y a pas bon Taubira"

Qu'une (ex-)élue de Guyane connue pour son engagement républicain cristallise la haine d'un parti xénophobe ne saurait surprendre. Mais le diagnostic est bien plus inquiétant : aveuglé par ses petits calculs électoraux, une bonne partie de l'échiquier politique semble au mieux indifférent, au pire infecté par le même poison. 


Pendant la campagne des législatives, Jean-François Copé, l'actuel président de l'UMP, avait osé une incroyable attaque ad hominem contre l'ex-candidate à la présidentielle de 2002 en avançant : "Quand on vote FN, on a la gauche qui passe [...] et on a Taubira." Au sein de l'UMP, il n'était pas le seul à tenir ce genre de propos plus que douteux. 

Le magistrat Jean-Paul Garraud, alors député de la Gironde, déclarait ainsi que la composition du gouvernement lui donnait "mal à la France". 

Jean-Sébastien Vialatte, élu de la 7e circonscription du Var, ironisait, lui, après la victoire de l'équipe du PSG et les violences qui s'étaient ensuivies : "Les casseurs sont sûrement des descendants d'esclaves, ils ont des excuses. Taubira va leur donner une compensation." 

Car, pour une certaine France, celle qui a donné son nom à la loi de 2001 assimilant l'esclavage et les traites négrières à des crimes contre l'humanité ne sera jamais fréquentable.
Impossible de citer les slogans entendus en 2013 sans être pris de nausée.

Depuis le vote du mariage pour tous, qu'elle a porté avec détermination, son cas s'est encore aggravé. Impossible de citer les slogans entendus en 2013 sans être pris de nausée. 


Les intégristes catholiques de l'institut Civitas hurlaient ainsi sans crainte des "Y'a bon Banania ! Y'a pas bon Taubira !", oubliant sans doute un peu vite que la loi française est assez sévère envers ceux qui incitent à la discrimination ou profèrent des injures raciales. 

Les articles 24 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse punissent les premiers d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, les seconds de six mois d'emprisonnement et de 22 500 euros d'amende. Un arsenal législatif toutefois difficile à mettre en oeuvre quand les débordements se multiplient. D'autant que la gauche elle-même n'est guère prompte à monter au créneau.

Racisme decomplexé

Après l'incident d'Angers, il a fallu attendre cinq jours pour que le député socialiste Jean Glavany apporte son soutien à la ministre. Une standing ovation de tout l'hémicycle de l'Assemblée nationale aurait eu force de symbole. Las, seuls les députés de gauche se sont levés, ceux de l'UMP restant vissés à leur siège.

Surprenant ? Pas si sûr. En cherchant à siphonner l'électorat du FN, l'ancien parti gaulliste n'a cessé, depuis la présidence Sarkozy, de marcher sur les platebandes de l'extrême droite. 


Par le passé, Jacques Chirac lui-même avait dérapé en évoquant ce "bruit" et cette "odeur" restés dans les annales. 

Avec Nicolas Sarkozy, impossible de parler de dérapages. Sous l'impulsion de conseillers comme Patrick Buisson, ancien journaliste à Minute et à Valeurs actuelles, ou de proches tels que Brice Hortefeux, le précédent locataire de l'Élysée a institué le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, et prononcé deux discours de sinistre mémoire, à Dakar et à Grenoble. 

Asséner que l'homme africain n'était pas assez "entré dans l'Histoire", c'était ouvrir les vannes à un discours "décomplexé". Derrière ce terme anodin se cache une idéologie empruntée aux conservateurs américains. 

Afin de moquer et de "ringardiser" les défenseurs des minorités, ces derniers ont inventé l'expression "politiquement correct". La droite française, mais aussi une partie de la gauche, l'ont reprise à leur compte pour, en vrac, disqualifier le "droit-de-l'hommisme", "l'intellectualisme", l'antiracisme et nombre de valeurs humanistes issues des Lumières. 

Les propos de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, sur "l'impossible assimilation" des Roms se veulent ainsi débarrassés de ce "politiquement correct". Un président issu du PS devrait sans doute voler au secours de sa ministre. 

Du bout des lèvres, et dans le cadre fermé du conseil des ministres, François Hollande s'est contenté d'appeler "à la plus grande fermeté et à la plus grande vigilance". Aux grands maux les petits murmures.

Face à ces courants idéologiques puissants, Christiane Taubira incarne une résistance. Noire, cultivée, déterminée, indisciplinée, éloquente, tranchante, portée par la pensée de Césaire et capable de citer Nietzsche, la garde des Sceaux est devenue tout à la fois une cible, un symbole et un rempart aux dérives populistes du "tous pourris". 


Outre les attaques racistes, elle a eu droit à toutes les avanies. On lui a reproché son passé indépendantiste, d'être ambitieuse, individualiste, insupportable envers ceux qui travaillent avec elle. 

Une source proche du ministère de la Justice confirme les épithètes suivantes : directe, opiniâtre, volontaire, entière, sincère. 

Et fait cette distinction : "Certains de ses collaborateurs ne l'apprécient que modérément, la trouvent trop rentre-dedans, trop sulfureuse, ce qu'ils jugent contre-productif pour mener des réformes en profondeur, dans le consensus. D'autres sont de véritables groupies et l'encensent à tout bout de champ. C'est assez drôle."


Le 30 octobre à l'Assemblée Nationale de Paris, Jean Glavany prend la défense
de Christiane Taubira sous les applaudissements de la gauche. © ERIC FEFERBERG / AFP

"Cette histoire de banane nous tue"

Mais celle qui arrive souvent au ministère sur son vélo jaune connaît ses dossiers sur le bout des doigts et reste, quoi qu'il arrive, ouverte à la discussion. 


Élevée par une mère seule, avec dix frères et soeurs, elle-même mère divorcée de quatre enfants, rompue aux coups bas de la politique, elle soutient, à 61 ans, avoir la peau plus que coriace et résister au racisme pur et dur qu'elle subit quotidiennement. 

Elle aimerait pourtant qu'une "belle et haute voix" se lève "pour alerter sur la dérive de la société française". 

Certains, comme le journaliste Harry Roselmack ou les écrivains Yann Moix et Christine Angot ont pris la plume, cette dernière s'exclamant à sa manière, dans le quotidien Libération : "Nous n'avons rien dit parce que nous ne savons pas comment faire, comment dire ce que nous ressentons, nous ne trouvons pas les mots pour expliquer la terreur qui nous saisit à la gorge, la peine radicale, plus que profonde, radicale, une tristesse qui touche le fond, que nous éprouvons, cette histoire de banane nous tue. Nous tue, je pèse mes mots." 

La République attend les autres.
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Nicolas Michel
Jeune Afrique

La RDC et l’Angola exhortées à résoudre le conflit frontalier ayant un lien avec les espaces maritimes

le jeudi 14 novembre 2013



Les participants à l’atelier sous-régional organisé dans la cité côtière de Muanda (Bas-Congo) sur l’exploitation pétrolière transfrontalière ont recommandé le week-end dernier à la RD Congo et à l’Angola de trouver des solutions au conflit frontalier ayant un lien avec les espaces maritimes communs.

Ils leur ont demandé aussi de recourir à la Société civile dans toutes les démarches visant la recherche des solutions à ce problème hautement sensible pour la paix et la sécurité dans la sous-région.

Mise en place d’observatoire transfrontalier

Apres de fructueux échanges sur différentes questions liées à l’exploitation pétrolière tant au niveau national que sous-régional, il a été considéré la sensibilité de la question sur le conflit des limites frontalières maritimes entre les deux pays qui ont des origines communes et des liens de fraternité avant même la conférence de Berlin de 1885.

Selon le communiqué final de l’atelier, les participants ont mis un accent particulier dans les facilités à mettre à la disposition de l’observatoire transfrontalier qui va être mis en place par les Sociétés civiles congolaise et angolaise en vue d’assurer une veille dynamique et positive.

Basée sur la problématique de l’exploitation pétrolière entre les deux pays, cette veille doit contribuer efficacement à l’émergence d’une gouvernance pétrolière sous-régionale porteuse de bonheur et de prospérité aussi bien pour les deux nations que pour l’ensemble de l’Afrique.

Selon le communiqué final de l’atelier, « les ressources naturelles doivent non seulement contribuer au développement de la République démocratique du Congo et de la République d’Angola mais aussi et surtout au bien-être général des populations des deux pays ».

Soucieux d’assurer la paix et le développement durable dans la sous-région, tous les partenaires, les participants ont recommandé aux deux pays de « mettre tout en œuvre pour que l’exploitation pétrolière entre la RDC et l’Angola ne puisse pas être une source de conflit dans la sous-région ».

De la justification de cet atelier

De plus en plus des pays africains se lancent dans l’exploration pétrolière avec l’ambition de faire de l’exploitation de cette ressource naturelle un levier important générant des ressources substantielles en devises destinées à soutenir la construction des économies et le développement.

L’expansion de certains gisements pétroliers à travers des frontières communes des Etats amène différents gouvernements à mettre en place des stratégies d’exploitation pétrolière. 


Ils initient, par ailleurs, une politique de prévention de conflit étant donné que l’exploitation des hydrocarbures à travers des frontières communes apparaît, de plus en plus, comme comportant des germes de conflits entre les Etats.

« Rapport Afrique », dans son numéro 188 du 11 juillet 2012, relève que « l’incapacité à trouver une solution à l’amiable au problème du pétrole au large de la côte Ouest a envenimé les relations entre l’Angola et la RDC et a conduit à l’expulsion violente des ressortissants congolais du territoire angolais »

Au-delà des ambitions économiques fort louables affichées par certains Etats africains désireux de profiter au maximum de leurs ressources en hydrocarbures, il faudrait souligner le fait que l’exploitation du pétrole, depuis bien des décennies dans nombre de pays africains, a engendré une contribution fort mitigée au développement de ces pays.

Si la modernisation est amorcée dans quelques pays, il se constate à l’opposé et de manière générale des impacts nocifs sur l’environnement, la biodiversité et la vie des populations locales affectées.

Au finish, les ressources naturelles des Etats devraient plutôt être dédiées au développement humain en suscitant la naissance des richesses partagées, le bien-être général et la cohabitation pacifique entre les Etats et les peuples, à l’intérieur tout comme à l’extérieur des frontières.

Cet atelier sous-régional, organisé à l’initiative de l’ONG Action pour le Droit, l’Environnement et la Vie en collaboration avec le Secrétariat général à la Coopération régionale du ministère congolais des Affaires étrangères, a connu la participation des ministres provinciaux des Hydrocarbures et de l’Environnement, du Consulat général de l’Angola au Bas-Congo, de la Direction générale de la Socir ainsi que des structures universitaires et des Ong de la Société civile congolaise et angolaise.

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Luzolo N’Zeka
Le Potentiel 

RDC: un dialogue préconisé entre le gouvernement et la milice NDC de Sheka

le 16 novembre, 2013

 

Un milicien dans l'Est de la RDC. 

Réunis au sein de l’ONG Bedewa, les notables de Walikale (Nord-Kivu) craignent les conséquences d’une éventuelle opération militaire contre la milice Nduma Defense of Congo (NDC) de Ntabo Taberi Sheka et recommandent au gouvernement de privilégier la voie du dialogue pour désarmer cette milice. Ils ont fait leur proposition dans une lettre ouverte adressée, il y a quelques jours, au président de la République, Joseph Kabila Kabange.

Pour le Bedewa, seul le dialogue et la sensibilisation peut amener à une solution durable, moins coûteuse et sans faire couler du sang des populations innocentes dans cette partie du Nord-Kivu.

«De la même manière qu’ils ont été sensibilisés pour prendre les armes, ils peuvent encore l’être pour les déposer et cette voie peut donner beaucoup de fruits plus qu’une contrainte», a déclaré le secrétaire général de cette organisation citoyenne, Prince Kihangi.

Avant de déposer les armes, le général autoproclamé Ntabo Taberi Sheka a demandé que la Monusco déploie ses bases partout dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu et que le gouvernement renonce à toute attaque contre lui.

Le territoire de Walikale compte au moins cinq groupes armés actifs notamment le NDC de Cheka, Maï-Maï Simba, Kifuafua, Raïa Mutomboki et le Mac.

C’est depuis 2010 que les miliciens de NDC, majoritairement de l’ethnie Nyanga, et ceux de l’APCLS de l’ethnie Hunde vivent à couteaux tirés dans cette contrée. Les notables de deux communautés tentent de réconcilier les deux groupes armés mais sans y parvenir.

Ces affrontements, dont le dernier en date remonte au 20 octobre dernier, ont des conséquences désastreuses sur la vie sociale et économique de la population de cette contrée.

Des écoles, hôpitaux, commerces et autres activités de cette partie du Nord-Kivu tournent au ralenti. Quelques centaines de familles y vivent encore dans des conditions difficiles.
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radiookapi.net

Est de la RDC, ces guerres…au nom des Tutsis!?

Jeudi 14 novembre 2013
 

1996 : la guerre qui allait emporter le régime trentenaire de Mobutu éclate, quelque part au Sud-Kivu, dans l'est de la République Démocratique du Congo. 


En première ligne se trouvent les Banyamulenge – ces Tutsis Congolais vivant principalement dans les plateaux de Mulenge au Sud-Kivu et dont la citoyenneté zaïroise était déniée par les caciques du Mouvement populaire de la Révolution, parti-Etat. 

Ils ont pour principaux alliés, si pas meneurs, d’autres Tutsis – étrangers, ceux-là – les militaires de l’Armée Patriotique Rwandaise venus de l’autre côté de la rivière Ruzizi, chez le minuscule voisin de la RDC, le Rwanda, où ils venaient fraîchement de renverser le régime du Hutu et ami personnel de Mobutu, le général Juvénal Habyarimana.

Deux ans plus tard, presque jour pour jour, alors que la rébellion de l’AFDL dans laquelle les Banyamulenge et d’autres Tutsis Congolais s’étaient tant investis dirige désormais le pays, avec à sa tête Laurent-Désiré Kabila, une autre rébellion éclate : le Rassemblement Congolais pour la Démocratie. 


Elle fait suite à l’endurcissement de ton – appelons- le comme cela – par Laurent-Désiré Kabila à l’égard de ses parrains Tutsis (Congolais et Rwandais). Soutenu également par le Rwanda, le RCD occupera jusqu’à la moitié du territoire national et durera jusqu’à la transition politique de 2003. 

Entretemps, le « traître » Laurent-Désiré Kabila – « traître » aux yeux des Tutsis et du Rwanda ayant substantiellement contribué à le faire installer au pouvoir – aura été assassiné dans des circonstances encore troubles à ce jour. Victime de la revanche des Tutsis qui lui en voulaient de les avoir trahis ? C’est l’une des hypothèses plausibles...

En 2003, à la suite d'âpres négociations entre Kinshasa et ses rébellions, un Tutsi (Munyamulenge) occupera le poste de vice-président pour la première fois dans l'histoire du Congo, en la personne d’Azarias Ruberwa Manywa, tandis que de nombreux autres seront déversés dans l’armée, la police, les services des renseignements et l’administration publique. 


Pour la première fois aussi, en 2006, un Tutsi – le même Azarias Ruberwa – sera candidat à l’élection présidentielle. Pourtant, à peine le « nouveau président » Joseph Kabila élu, d’autres Tutsis tentent une rébellion : Jules Mutebusi et Laurent Nkunda. 

Ayant échoué au Sud-Kivu, ce dernier émigre au Nord-Kivu où il crée, quelques mois plus tard, le « Congrès National pour la Défense du Peuple » (CNDP). En réalité, c’est un « Congrès pour la défense des Tutsis » qu’il estime marginalisés, forcés à l’exile au Rwanda et dans d’autres pays, et menacés par les rebelles Hutu rwandais installés au Congo depuis 1994. 

Au fur et à mesure des péripéties, on ira jusqu’à la création, début 2012, de l'actuel « Mouvement du 23 Mars » (M23) qui occupait encore il y a quelques jours une partie importante du Nord-Kivu.

De Azarias Ruberwa, Bizima Karaha, à Bosco Ntaganda, Sultani Makenga, en passant par Laurent Nkunda, les chefs de guerre Tutsis qui mènent les rébellions en République Démocratique du Congo prétendent lutter pour les droits de leurs frères Tutsis : droit à la nationalité, droit à être considérés dans la vie nationale, droit à retourner au pays pour les exilés, etc. 


Mais la main du régime Tutsi du Rwanda n’est jamais loin de toutes ces intrigues guerrières, si bien que les Tutsis sont de plus en plus indexés – collectivement, hélas ! – comme étant en grande partie à la base des souffrances endurées par les populations congolaises. 

L’idée qu’il y aurait un plan d’instaurer un empire Tutsi-Hima dans la région, ou encore d’opérer la partition de l’Est de la RDC à leur faveur a fait long feu.

 


Le président "Joseph Kabila", accusé à tort ou à raison d’incompétence est lui-même taxé de Tutsi ou de Rwandais. Mais bien sûr l’exacerbation, parmi les autres Congolais, du ressentiment envers les Tutsis n’est pas l’unique conséquence de ces rébellions menées en leur nom. 

D’une part, outre les millions de morts depuis 1996, des millions de gens ont dû fuir leurs maisons et leurs villages pour s’installer en lieux relativement plus sûrs au pays ou à l’étranger. 

La perte des biens, l’abandon de l’école pour des millions d’enfants, le viol massif des femmes, …sont autant d’autres conséquences. 

D’autre part, la situation des Tutsis Congolais ne s’est guère améliorée; bien au contraire. Des milliers d’entre eux vivent en exile depuis des décennies, et les guerres que l’on mène en leur nom sont loin de leur permettre un retour serein, voir un retour tout court.

Bref, comme le résumait si bien dans une interview Enock Ruberangabo, le franc président de la communauté Banyamulenge de la RDC, les Tutsis Congolais sont « doublement victimes » des guerres chroniques que connaît la République Démocratique du Congo : comme d’autres Congolais, tout d’abord, ils vivent au quotidien les violences, l’exile et la misère ; et comme Tutsis, ils sont désignés comme étant les coupables, marginalisés, exclus, haïs, honnis par les autres communautés. 


Or, bien peu parmi les Tutsis ordinaires sont ceux qui trouvent leur compte dans cette folie, dont seuls quelques officiers militaires, hommes d’affaires et politiciens connaissent les tenants et les aboutissants. 

On en dirait autant, d’ailleurs, pour les autres groupes armés soi-disant communautaires (Hunde, Hutu, Lega, Nyanga, Tembo, Shi, etc.), dont seule une poignée de manipulateurs sont toujours bénéficiaires, et qui n’en embrasent pas moins les communautés tribales et ethniques, en les opposants les unes aux autres.

Alors, ces guerres et ces violences valent-elles vraiment la peine ? A qui profite-t-elles réellement ? Rarement à ceux dont elles portent abusivement le nom, qu’ils s’appellent Tutsi, Hunde, Lega, Hutu, Nyanga, Nande ou Tembo. 


Le jour où la population aura intériorisé cette réalité, personne ne pourra plus se servir de l’instrumentalisation ethnique pour justifier ou essayer de légitimer les violences. 

Et heureusement que ce jour est en train de poindre à l’horizon, puisque de plus en plus de gens réalisent combien on est tous perdants dans la guerre ; combien les guerres qui opposent les uns aux autres ont toujours leur manipulateur, au pays ou à l’étranger, qui en tire partie et qui a intérêt à ce qu’elles perdurent.
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Jean-Mobert N’Senga

VERITAS 

« TANT QUE NOS REFUGIÉS SONT SOUS LA MENACE DES BOMBES ET DES ARMES, C’EST DIFFICILE POUR NOUS DE DEPOSER LES ARMES », DÉCLARENT LES FDLR.

16 novembre 2013  

Les rebelles rwandais des FDLR, installés en République démocratique du Congo (RDC) depuis 1994, sont prêts à déposer les armes mais les conditions de leur désarmement ne sont pas réunies à l’heure actuelle, a déclaré vendredi à l’AFP un de leurs chefs. 



Les soldats du FDLR dans les montagnes du Nord-Kivu

« Nous sommes convaincus que nous pouvons déposer les armes aussi longtemps que le gouvernement rwandais ne vient plus en RDC », a dit Wilson Irategeka, secrétaire exécutif par intérim des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP.

« Notre problème c’est que le gouvernement de Kigali n’a cessé de venir en RDC pour tuer les réfugiés rwandais », a déclaré M. Irategeka, dans une allusion à l’implication du Rwanda dans les deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003) et au soutien imputé à Kigali de plusieurs rébellions actives dans l’Est du Congo au cours de la dernière décennie, et tout récemment à celle du M23.

« Le gouvernement de Kigali utilise les Raï Mutomboki et les maï-maï Sheka [...] pour venir tuer les réfugiés rwandais », a-t-il ajouté en faisant référence à deux groupes armés avec lesquels les FDLR s’affrontent régulièrement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, dans l’Est de la RDC.

« Tant que nos réfugiés sont toujours sous la menace des bombes et des armes, c’est difficile pour nous de déposer les armes », a encore déclaré M. Irategeka. 


Le président congolais, Joseph Kabila, a lancé fin octobre un ultimatum aux différents groupes armés présents au Congo, les enjoignant d’abandonner la lutte armée ou d’y être contraints par la force des armes.

Le 5 novembre, après sa victoire militaire contre les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), le gouvernement congolais a annoncé qu’il lancerait sous peu une offensive pour débarrasser le pays des FDLR, milice qu’il a été régulièrement accusé d’instrumentaliser et de soutenir dans sa lutte contre certains groupes rebelles.

Arrivées sur le territoire congolais en 1994, les FDLR ont été formés initialement par d’anciens cadre de l’armée rwandaise ou des milices hutu ayant participé activement au génocide rwandais. Leurs effectifs sont estimés entre 1.000 et 1.200 combattants. 


Opposés au régime tutsi de Paul Kagame, qui s’est installé à Kigali en 1994, ils ont pour objectif la chute du pouvoir rwandais actuel, mais affirment voir dans le « dialogue avec le gouvernement de Kigali [...] la seule voir pour obtenir une paix durable au Rwanda en particulier et dans la région des Grands Lacs africains en général ». _____________
IKAZE IWACU
Source: AFP, KINSHASA

Il y a 26 ans, Thomas Sankara était assassiné. Des circonstances à éclaircir… Une popularité toujours croissante.



Le violent assassinat de Thomas Sankara est à la mesure de l’acharnement de ses assassins à le salir et à le faire disparaitre de la mémoire de ses compatriotes. De la même façon les tentatives de faire connaitre les circonstances de son assassinat semblent se heurter à des forces puissantes. 

Il faut dire que l’hypothèse d’un complot international fait petit à petit son chemin. Quoiqu’il en soit Thomas Sankara a désormais reçoit le panthéon des figures révolutionnaires. 

Non seulement il est largement adopté comme un modèle par de large couche de la jeunesse africaine mais il est aussi une source d’inspiration pour les artistes de nombreuses disciplines. Retour sur son assassinat et son rayonnement actuel 26 ans après.

Ce jour-là vers 16h30 un commando de militaires du régime de la sécurité présidentielle est arrivé aux abords d’une salle où Thomas Sankara tenait une réunion avec des collaborateurs. Il leur aurait dit : « restez c’est à moi qu’ils en veulent ». 

Le commando après avoir tué deux hommes est entré dans le bâtiment a tué Sankara, puis tout ceux qui assistaient à la réunion, à l’exception d’un seul qui a fait le mort.

Le dénouement d’une crise interne.

Après 4 années de révolution qui avait bouleversé le pays, et dont le bilan, on le sait maintenant est considérable, cet assassinat mettait violemment fin à l’expérience révolutionnaire la plus importante du continent africain. 

Ce n’est qu’aujourd’hui, après le recul, que l’on en mesure toute l’importance. La jeunesse africaine a fait de Thomas Sankara son héros, à l’image de ce qu’était devenu Che Guevara pour la jeunesse engagée sud-américaine et européenne. 

Blaise Compaoré et ses amis, qui organisèrent cet assassinat, conscients de la popularité du président assassiné, s’employèrent à salir sa mémoire, à minimiser son bilan. 

Les partisans de Thomas Sankara qui ne purent ou ne voulurent s’enfuir, furent poursuivis et souvent torturés. Peu avant ce dénouement tragique, Thomas Sankara affrontait des cadres de la révolution, ayant souvent rejoint ses rangs après la prise du pouvoir. Ils voulaient procéder à de nouvelles purges pour la « clarifier ». 

En réalité pour mieux profiter des bénéfices du pouvoir, tandis que Sankara, conscient d’une certaine lassitude, voulait au contraire, construire un parti politique qui rassemblerait tous les courants révolutionnaires dans leur diversité, y compris ceux qui avaient été écartés ou qui s’étaient retirés pour divergence, pour aller de l’avant et ouvrir plus tard le jeu politique. 

Blaise Compaoré, en qui Thomas Sankara avait une confiance aveugle, s’est appuyé sur les secteurs de l’armée qu’il contrôlait et sur ces révolutionnaires de circonstance. 

Les plus influents de ceux ont cru que la révolution allait continuer furent assassinés, les autres se sont vite transformés en chantres du libéralisme économique, sans trop d’état d’âme. Ils sont le plus souvent encore au pouvoir.

Le climat lourd qui précéda cette issue violente et inattendue, s’explique par les pseudo-divergences au sein de la direction de la révolution, en réalité dans un discours trouvé récemment qu’il devrait prononcer le soir du 15 octobre, Sankara explique que ses ennemis étaient incapables d’affronter une discussion politique et d’énoncer de réelles ivergences, une certaine lassitude d’une partie de la population, les manœuvres de toute sorte, mais aussi l’organisation d’une fronde contre Thomas Sankara lui-même qui veillait personnellement au travail et à l’engagement de chacun quand ce n’est pas à la moralité de tous. De quoi se faire beaucoup d’ennemis.

Un leader d’envergure internationale qui dérangeait.

Depuis, petit à petit, cependant se sont dessinés les contours d’un complot international. La simple analyse politique de la situation internationale et le rôle de plus en plus important qu’y tenait Thomas Sankara l’impose comme une hypothèse plus que probable. 

Bien qu’étant un petit pays, Thomas Sankara devenait de plus en plus populaire au sein de la jeunesse du continent, jusqu’à inquiéter les dirigeants des pays voisins qu’il n’hésitait pas à interpeller publiquement. 

C’est ainsi qu’ils avaient commencé à refuser de le recevoir dans la capitales pour éviter des manifestations de soutien à ce jeune leader de plus en plus incontournable tout autant qu’incontrôlable. 

Mieux Thomas Sankara avait même exfiltré des dirigeants d’institutions inter africaines, jusqu’ici intouchables pour les juger à Ouagadougou devant les Tribunaux populaires de la révolution. 

Sa lutte implacable contre la corruption, l’élan qu’il avait su insuffler à son peuple, qu’il avait réussi rapidement à convaincre de son engagement sincère à construire le pays, de son intégrité, et qui s’était mis massivement au travail constituaient autant d’exemple qu’il pouvait en être autrement que ces régimes corrompus dans les pays voisins.

Un complot international se dessine petit à petit.

Les premières enquêtes journalistiques évoquaient déjà la thèse du complot. Le journaliste Sennen Andriamirado, aujourd’hui décédé, très au fait de cette révolution et ami personnel de Thomas Sankara en a développé la thèse dans ses premiers articles suivant l’assassinat avant de se contredire dans l’ouvrage qu’il fait paraitre un an plus tard. 

Plus, dès 1993, des travaux universitaires de chercheurs anglophones avaient fait état de la présence de libériens au Burkina Faso à l’époque. Ils émettaient l’hypothèse de leur participation à l’assassinat de Thomas Sankara, ce que vont confirmer d’autres travaux en anglais par la suite. 

En l’an 2000, François Xavier Verschave, alors président de l’association SURVIE (http://www.survie.org) dans son volumineux ouvrage Noir Silence ( Les Arènes), écrit page 346 à propos de « paradoxale » relation franco-libyennes : « L’Elimination du président burkinabè Thomas Sankara est sans doute le sacrifice fondateur … Foccart et l’entourage de Kadhafi convinrent en 1987 de remplacer un leader trop intègre et indépendant, au point d’en être agaçant, par un Blaise Compaoré infiniment mieux disposé à partager leurs dessins. L’ivoirien Houphouet Boigny fut associé au complot.» 

Depuis différents témoignages sont venus confirmer l’hypothèse d’un complot international et notamment un documentaire italien de Silvestro Montanaro diffusé sur la RAI3 en juillet 2009 (voir la le film à et le traduction de certains passages àhttp://www.thomassankara.net/spip.php?article794). 

Plusieurs anciens compagnons de Charles Taylor, affirment avoir été présents sur les lieux, mais évoquent aussi la participation de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la France et de la CIA américaine.

Les campagnes pour la vérité et la justice se heurtent à la mauvaise volonté du comité des droits de l’homme de l’ONU, et au blocage de la justice burkinabé.

C’est ainsi qu’en France, relayant une campagne de signatures (voir http://www.thomassankara.net/spip.php?article866) demandant l’ouverture d’une enquête indépendante, les députés des Verts et du Front de gauche ont tour à tour demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara en 2011 et en 2012 (voir http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion3527.asp ethttp://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/propositions/pion0248.asp). 

Ces demandes n’ont toujours pas été mises à l’ordre du jour de l’assemblée nationale. Une autre campagne, à l’initiative du CIJS (Campagne international Justice pour Sankara) avait réussi à faire mettre cette affaire à l’ordre du jour du comité des droits de l’homme de l’ONU. 

Celui-ci après avoir en 2006 en partie donné raison à la famille s’est en quelque sorte déjugée en 2008, en s’estimant satisfait des actions de l’Etat burkinabè. 

Pourtant celui-ci s’était contenté de corriger le certificat de décès de Thomas Sankara qui comportait jusqu’alors la mention décédé « de mort naturelle » et de proposer de l’argent à la famille qu’elle refusé évidemment réaffirmant son exigence de justice et de vérité. 

Aucune enquête n’avait été diligentée sur l’assassinat de Thomas Sankara. Différentes procédures judiciaires ont par ailleurs été engagées au Burkina. Aucune n’a abouti jusqu’ici. Toutes se sont heurtées à toute sorte de diversions, montrant sur cette affaire le manque d’indépendance de la justice de ce pays. 

L’actuel président, Blaise Compaoré, ainsi que son Chef d’Etat major particulier, Gilbert Diendéré, décoré de la légion d’honneur en mai 2008, sont fortement soupçonnés d’être directement impliqués dans l’assassinat.

Un leader commémoré chaque année dans de nombreux pays.

Si l’exigence de justice sur l’assassinat de Thomas Sankara est loin d’être satisfaite, sa renommée croissante en Afrique mais aussi en Europe et en Amérique du Sud, ont fini par anéantir toutes les tentatives pour salir sa mémoire, comme son bilan. 

De nombreuses ouvrages socio-politiques sont déjà parus en français, dont plusieurs écrits par des burkinabè, et en Italien tandis que plusieurs sont en préparation en anglais. Chaque 15 octobre, de nombreuses commémorations sont organisées à travers le monde pour honorer sa mémoire et son action. 

Une trentaine d’associations altermondialistes organisent chaque année autour du 15 octobre une semaine contre la dette illégitime et les institutions internationales, Thomas Sankara constituant pour la plupart d’entre elles, le précurseur de leur combat (voirhttp://cadtm.org/Semaine-globale-d-action-contre-la,9433 ).

L’émergence politique difficile du « sankarisme » politique.

Au Burkina Faso, la jeunesse engagée très mobilisée, en quête de repère et de personnage symbolique, s’empare de sa pensée pour lutter contre le pouvoir en grande difficulté. De nombreux partis se réclamant du sankarisme revendiquent son héritage. 

Mais leur division empêche que le sankarisme politique puisse véritablement s’épanouir pleinement. La clarification se fait cependant petit à petit. 

En réalité l’un d’entre eux émergent réellement l’UNIR PS (Union pour la Renaissance / parti sankariste), avec 4 députés, et dans une moindre mesure le Front des forces sociales, en perte de vitesse cependant, les autres ne rassemblant que quelques individus, et n’existant que par quelques communiqués diffusés de temps en temps par la presse. 

Par contre de nombreuses associations de jeunes voient le jour à travers l’Afrique. La dernière en date le balai citoyen, créé il y a quelques mois, se revendique directement de son héritage. 

A l’initiative de deux musiciens très populaires au Burkina, Sams’K Le Jah et Smockey, elle fait preuve d’un dynamisme à toute épreuve, s’imposant comme le principal organisateur des cérémonies du 15 octobre à Ouagadougou aux côtés des partis sankaristes plus discrets.

Une source d’inspiration pour de nombreux artistes dans des disciplines très diverses

De nombreux artistes musiciens, dont certains très connus comme Tiken Jah Fakoly, ou Didier Awadi parlent de Thomas Sankara, durant leur spectacles quand ils n’ont pas composé des chansons qui lui sont consacrés. 

Des graphistes s’emparent de son image et la reproduisent à l’infi et dsans tous les styles. Mais au-delà des chorégraphes tels Serge Aymé Coulibaly ou Auguste Ouedraogo ont créé des spectacles pour lui rendre hommage. 

La littérature n’est pas en reste avec auteurs, tels Jean Billeter, Koulsy Lamko ou Jacques Jouet, pour n’en citer que quelques uns qui lui ont consacré des œuvres. 

De nombreux documentaires, dont certains sont plusieurs fois passés à la télévision, et traduits dans différentes langues ont été produits. Citons « Thomas Sankara » de Balufu Bakupa-Kanyinda, le précurseur qui n’a pu mener son projet à bien, mais aussi « l’homme intègre » de Robin Shuffield,« Fratricide au Burkina, Thomas Sankara et la Françafrique » de Thuy Tien Ho, ou encore le tout récent « capitaine Thomas Sankara » de Christophe Cupelin qui a entamé une prometteuse tournée des festivals. 

Et au milieu de ces productions professionnelles, impossible de ne pas citer le film « Sur les traces de Thomas Sankara », deux parties de près de 2 heures, très complet, lui aussi traduit en plusieurs langues, réalisé sans soutien par l’association Baraka et qui a été projeté aussi dans de nombreux pays. 

La période qui vient verra sans doute se multiplier les premières productions de fiction portés à l’écran à l’image du tout nouveau « Twaaga », Cedric Ido qui entame aussi une tournée des festivals de court métrage. Outre l’aspect politique, l’histoire de Thomas Sankara, et cette histoire d’amitié trahie porte en elle en effet tous les ingrédients d’une grande tragédie romanesque.

Thomas Sankara est donc devenu tout à la fois, une référence d’intégrité, de probité, d’engagement, et de stratégie pour les révolutionnaires, une source d’inspiration pour les artistes de différentes disciplines, le précurseur des combats écologistes et d’un modèle de développement autocentré pour les citoyens à la recherche d’alternative au modèle libéral, une figure de référence pour les altermondialistes qui luttent pour le non paiement des dettes illégitimes, ou plus, un exemple pour les jeunes en quête de repère, de modèle, de figure à laquelle s’identifier et d’exemple à suivre.
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source : Bruno Jaffré

Entre le Cameroun et le Nigeria, "une frontière très poreuse"

le 16.11.2013



Un membre de Boko Haram a affirmé, vendredi 15 novembre, que le groupe islamiste armé nigérian détenait le prêtre français Georges Vandenbeusch, enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi dans le nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria.

Les deux pays partagent une frontière commune de 1 600 kilomètres, mal ou peu sécurisée.

En conséquence, le groupe djihadiste, qui subit depuis plusieurs mois une offensive de l'armée nigériane, tente de faire du Cameroun, notamment de sa partie nord, une base de repli et une nouvelle zone d'influence.

Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste de l'Afrique subsaharienne à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), revient pour Le Monde sur la situation dans la région.

Quelle est la situation sécuritaire dans le nord du Cameroun, où a été enlevé le prêtre français ?

Le Cameroun est victime de l'instabilité politique qui prévaut chez son voisin. Le 14 mai, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a déclaré l'état d'urgence dans trois Etats du nord-est du pays, Borno, Yobe et Adamawa.

Depuis, les autorités nigérianes emploient la manière forte, à coup d'opérations militaires de grande envergure. C'est notamment la première fois depuis la guerre du Biafra, en 1970, que le Nigeria déploie ses forces aériennes sur son propre territoire.

Dans les régions concernées, les lignes téléphoniques sont coupées et les contacts avec la population locale n'existent quasiment plus. Le nord-est du Nigeria est complètement sinistré.

Bien que l'on ne dispose pas de chiffres précis, on sait que des milliers de Nigérians fuient aussi bien les opérations militaires que les exactions commises par les groupes islamistes comme Boko Haram.

Ces populations civiles se réfugient donc dans le nord du Cameroun, ce qui déstabilise le pays. Il se pourrait aussi que des cellules de Boko Haram se soient installées dans le nord du Cameroun. Et qu'un certain nombre de Camerounais aient rejoint ses rangs.

La frontière entre le Nigeria et le Cameroun est-elle contrôlée par les autorités des deux pays ?

Non, il s'agit d'une frontière très poreuse qu'il est facile de franchir. Les Peuls, les Haoussas et les autres ethnies locales qui élèvent du bétail n'arrêtent pas de passer d'un pays à l'autre. Il y a beaucoup de chemins de traverse tout au long de la frontière, qu'il est possible d'emprunter de manière légale ou non.

Ces mouvements de population créent des liens entre les parties nord du Cameroun et du Nigeria. Boko Haram est donc susceptible d'y rencontrer des populations solidaires et accueillantes.

Le gouvernement nigérian a récemment formé avec les autorités camerounaises un "comité mixte" pour veiller à la sécurisation de cette frontière, mais ça ne sera pas efficace. Rappelons que les deux pays se disputaient la péninsule de Bakassi, dans le golfe de Guinée, dans les années 2000.

Un jugement de la Cour internationale de justice de La Haye, rendu le 10 octobre 2002, attribue au Cameroun la souveraineté de ce territoire précédemment administré par le Nigeria. Abuja s'est retiré de la zone sans heurts, en 2008, mais la coopération entre les autorités des deux pays n'est pas bonne.

Si c'est bien Boko Haram qui a enlevé le prêtre français, quelle peut être sa motivation ?

Cette action peut annoncer un changement de stratégie lourd de sens : une volonté de se rapprocher encore d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), à qui le groupe a fait allégeance en 2010.

Après l'enlèvement, en février, de la famille Moulin-Fournier, ce nouveau rapt symbolise une volonté d'internationalisation des revendications de Boko Haram.
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Thomas Loubière
Le Monde.fr